Alors que les premiers salons étudiants font leur apparition à Toulouse, le compte à rebours est lancé pour Parcoursup. Plus que quelques jours avant le dévoilement du calendrier de la plateforme d’inscription dans l’enseignement supérieur pour la rentrée 2018/2019. Pour les lycéens, c’est un marathon de longue haleine qui commence.
L’accès à l’enseignement supérieur a été au coeur d’un grand chantier de réformes en 2018 : Année 0 de Parcoursup, loi “Orientation et Réussite des Étudiants” (ORE), loi “pour la liberté de choisir son avenir professionnel”. L’objectif du gouvernement : lutter contre un taux d’échec de 60 % -selon le Ministère de l’Éducation- après quatre ans à l’université en améliorant la transition entre le secondaire et le supérieur. Fini le tirage au sort, et à priori la sélection de formations par défaut.
Maintenant, les élèves ont toutes les ressources nécessaires à disposition. Ils bénéficient d’abord d’un suivi, effectué non plus par un, mais deux professeurs principaux par classe de terminale. Des conseillers d’orientation, requalifiés de psychologues de l’Education Nationale, pourraient prochainement être disponibles en permanence dans les établissements scolaires. Deux semaines de l’orientation sont également planifiées au niveau national dans chaque lycée. Cerise sur le gâteau : monorientationenligne.fr, un site en partenariat avec l’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions) avec de nombreux tchats sur les possibilités de poursuite d’études.
Alors, adieu le casse-tête de l’orientation et la question jackpot pour tout élève : qu’est ce que je veux faire plus tard ? La réalité est malheureusement plus sombre. L’orientation post-bac reste une réflexion complexe, sorte de Tour de France éreintant avec ces mythiques étapes.
Parcoursup dicte sa loi
A Toulouse, le top départ a été donné le 13 octobre dernier par le Salon de l’Étudiant. Au retour des vacances de la Toussaint, le rythme s’intensifie : Infosup, Salon Studyrama, Sup’Alternance, Salon des Grandes Écoles et bien d’autres encore se succéderont jusqu’au mois de janvier. Cela donne presque le tournis. Pour beaucoup de lycéens, ces salons étudiants sont synonymes d’un premier plongeon dans le grand bain de l’enseignement supérieur.
“ Venir aujourd’hui, ça permet d’avoir une première approche. Comme il y a Parcoursup qui ouvre bientôt, il faut s’y préparer”, explique Mathis, élève de terminale, à l’occasion du Salon de l’Étudiant.
Voir par ailleurs : Les salons étudiants, point de départ de la course pour l’orientation
Il s’agit ensuite pour les jeunes de creuser ces pistes lors des heures d’accompagnement spécialisé (AP) dédiées à l’orientation. Intégrées dans leur programme scolaire, elles ont pour objectif de « favoriser la maîtrise progressive par l’élève de son parcours de formation et d’orientation ». Norbert Barthen fait grise mine. Professeur principal d’une classe de première, il explique : “qu’est ce que vous-voulez faire en AP avec une classe de 35 élèves ? Le CDI est disponible pour faire des recherches sur Internet mais le cliquage à gauche à droite… cela ne mène pas à grand chose.”
Les parents prennent alors la relève : recherches à la maison, visites des Centres d’Information et d’Orientation (CIO) et déplacements parfois à l’autre bout de la France pour participer à des portes ouvertes. Mais encore faut-il, avant la clôture des voeux sur Parcoursup, que les adultes aient les capacités et du temps pour se pencher sur l’orientation de leurs enfants.
Voir par ailleurs : Vers la fin des CIO ?
De mi-janvier à fin mars, les élèves de terminale ont ensuite un peu moins de deux mois pour formuler jusqu’à dix voeux de formations sur Parcoursup et constituer tous les dossiers demandés. A savoir, un CV et une lettre de motivation pour chaque formation. Une fois la date passée, aucun retour en arrière n’est possible. Débute alors une longue attente angoissante jusqu’à l’annonce des premières admissions courant mai. Et malheureusement, ce n’est que le début pour les jeunes ayant reçu les réponses “non” et “en attente” à leurs vœux.
20% d’étudiants en réorientation en 2018
Une fois la porte de l’enseignement supérieur franchie, les changements à mi-parcours sont fréquents. De nombreux étudiants se lancent dans des filières, mais après coup regrettent leur choix et cherchent à se réorienter. C’est le cas de Zoé Richard, 23 ans, étudiante en 4ème année à Sciences Po Toulouse. Persuadée qu’elle voulait suivre la voie de ses parents après le bac, elle n’émet qu’un voeu sur APB et part en fac de médecine. À la suite d’une année difficile, ses résultats ne lui suffisent pas à passer en 2ème année. Elle décide donc de partir en fac de sciences, pour retenter médecine ensuite. “Mais je me suis rendue compte que ça ne me plaisait pas du tout et qu’en fait, la santé m’intéressait toujours, mais ce qui m’attirait plus était le côté éthique médicale ou droit de la santé.” Après une année fac de droit, elle tente alors le concours des Instituts d’Études Politiques, et entre directement en deuxième année à Toulouse :
“ Je pense que si j’avais été mieux informée, j’aurais tenté Sciences Po directement après le BAC. ”
Ce manque d’informations par rapport à l’enseignement supérieur revient souvent. “Après le bac je voulais aller à la fac, pour faire psychologie ou sociologie. J’ai pris sociologie option psychologie parce qu’on m’a dit que c’était facile de changer si ça ne me plaisait pas. Sauf que ça ne s’est pas vraiment passé comme ça…” explique Marion, actuellement en licence de psychologie au Mirail. Selon le Rectorat toulousain , en 2018 environ 20% des étudiants de l’Académie ayant formulé un voeu sur ParcourSup étaient en réorientation. Année trop difficile, désillusions, découverte d’autres parcours… nombreuses sont les raisons pour lesquelles des étudiants changent de voie dès le 1er semestre d’études supérieures.
Voir par ailleurs : Parcoursup : le casse-tête
Pourtant, se réorienter ne rime pas forcément avec fatalité. Après s’être rendue compte que l’université n’était pas adaptée pour elle, Célestine Antonin se tourne vers un DUT Gestion des Entreprises et des Administrations. Peu convaincue, elle intègre finalement après un an d’arrêt dans ses études un BTS photographie, sa passion. “Aujourd’hui je ne regrette pas du tout mes choix. Ni mon semestre de fac, ni mon DUT, ni mon année en tant que serveuse. Je crois que si je devais dire quelque chose aux bacheliers aujourd’hui, ce serait de ne pas avoir peur de se tromper et d’oser les filières qui leur plaisent réellement.”
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Léane Burtier et Tara Britton