Avis à ceux qui ne veulent pas «rendre leurs cerveaux disponibles pour Coca-Cola»*. TV Bruits, télévision « citoyenne » à but non lucratif, s’invite chez vous en novembre, sur Zalea tv, disponible sur le canal 79 de la Free Box. Lors de trois heures de programmes réparties entre plateau et reportages, elle s’interrogera sur l’éducation nationale, en posant un regard intelligent et toujours indépendant. Participant au mouvement des Médias du Tiers Secteur, pour « résister à l’information et à la culture mercantile » (appel de Marseille du 8 mai 2006), TV Bruits produit et diffuse reportages, documentaires, films d’animations ou courts-métrages « jugés non rentables par les médias dominants » explique Benoît, un des membres bénévoles de l’équipe.

Depuis leur première diffusion pirate en janvier 2001, à partir des toits de l’ancienne Préfecture de Toulouse, rue de Metz, la télévision associative œuvre pour donner la parole aux « exclus », sur des thèmes habituellement ignorés par les médias nationaux, via le réseau local, sur leur web tv, ou lors de projections dans des lieux publics. « L’internet est devenue notre principal mode de diffusion ». Actualisé en permanence, il met gratuitement à disposition de nombreux reportages en video streaming sur des thèmes divers et variés : SDF, sans papiers, artistes du Clandé (voir l’article sur univers-cités, rubrique société « Le clandé vit-il ses derniers jours? »)…
La télévision itinérante renoue également avec ses rendez-vous mensuels toulousains à la mi-novembre. Elle posera sa toile dans un bar de la Ville, avec une programmation sur le thème du Réseau Education Sans Frontière.

« Les spectateurs prennent leur destin en main »

tvbruits2.jpgA l’origine du projet, se trouve l’engagement d’une dizaine d’intermittents de l’audiovisuel et d’étudiants de l’Ecole Supérieure de l’Audiovisuel (ESAV) pour « faire des programmes dans lesquels les spectateurs prennent leur destin en main » comme l’explique alors un des fondateurs, Jean-Luc Galvan, au Tout Toulouse de juin 2001. Les projections publiques sont toujours suivis de débats. Et les thèmes abordés reflètent la vie locale à travers des acteurs de la société civile. TV Bruits veut rendre la parole à tous les citoyens. Elle propose
également des formations médias au collège de la Reynerie, pour que chacun puisse retranscrire sa réalité, dans un souci de pluralité de
l’information.

Après des centaines d’heures de programmes réalisées, et plus de 30 heures de diffusion pirate sur le réseau hertzien, TV Bruits s’est toujours heurtée à un mur pour obtenir une autorisation définitive d’émission. Mais sa faiblesse fait peut-être finalement sa force. En privilégiant des modes de diffusion alternatif : dans des lieux publics ou sur le net, cette télévision définitivement hors-cadre réinstaure la richesse de l’échange entre spectateurs, comme un pied de nez aux médias dominants, et au mode de consommation solitaire de la zapette. Si les cadres de TV Bruits se révèlent parfois tremblants, son impact est assurément coup de poing.
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*Patrick Le Lay, PDG de TF1, interrogé parmi d’autres patrons dans un livre « Les dirigeants face au changement » (Editions du Huitième jour)