Ebru Firta, jeune Toulousaine d’origine kurde de 25 ans, a été arrêtée le 8 septembre à l’aéroport d’Istanbul, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer en France. Après s’être engagée aux côtés des forces kurdes pour combattre Daech, elle a été accusée par les autorités turques d’appartenir à une organisation terroriste et condamnée à cinq ans de prison.

 

C’est une histoire bête et tragique. Ebru Firta a seulement 25 ans quand elle se fait arrêter par la police turque à l’aéroport d’Istanbul. Son crime ? Selon le régime turc, elle aurait gagné la Turquie en vue de participer à une entreprise terroriste. Curieux quand on sait que la Française avait en réalité rejoint les rangs des combattants kurdes syriens – les Unités de protection du peuple (YPG) – engagés dans la lutte contre Daech.

Un verdict sous haute tension

Ebru Firta a été jugée le 9 novembre, soit deux mois après son arrestation. La justice turque a finalement requis cinq ans de prison contre la jeune française. Si la Toulousaine était jusqu’ici accusée d’avoir préparé un attentat-suicide, les charges retenues ont été quelque peu allégées : seul le crime d’« appartenance à une organisation terroriste » a été pris en considération. Les avocats ont tout de suite fait appel de cette sentence. Le procès devrait être mis en place d’ici trois mois. À la clé, ses avocats et défenseurs l’espèrent, la liberté conditionnelle pour Ebru Firat, au mieux, un transfèrement en France au pire.

En attendant le second verdict, un comité de soutien, initié par Jean-Christophe Sellin, conseiller régional Front de gauche, s’est constitué à Toulouse. Grâce à sa mobilisation, les proches d’Ebru ont pu avoir de ses nouvelles : malgré l’enfermement, elle serait en bonne santé. Selon son avocate française, Me Agnès Casero, un avocat turc lui a été assigné. L’avocate compte bien faire le déplacement jusqu’en Turquie pour assister au procès. À l’heure actuelle, elle essaie toujours d’obtenir un droit de visite auprès du procureur d’Istanbul.

Le « crime » d’être kurde

Ebru Firta, née à Moissac (Tarn-et-Garonne), n’a en réalité jamais combattu sur le sol turc. Engagée pendant plusieurs mois à Kobané, en Syrie, elle avait depuis peu décidé de regagner la France. Elle avait d’ailleurs fait une demande de logement et avait pris rendez-vous avec Pôle Emploi, selon Me Agnès Casero. Pas le profil type d’une terroriste, donc. Pour Jean-Christophe Sellin, c’est même l’inverse : « À l’heure où des centaines de Français intègrent Daech, Ebru Firat, elle, combattait contre cette organisation terroriste ».

Le dossier d’Ebru Firta est donc totalement vide, selon son avocate. Ce n’est pourtant pas ce qui semble décourager les autorités turques, bien décidées à « punir » la Française. En effet, au lendemain du coup d’État manqué du 15 juillet, le Président Recep Tayyip Erdogan a considérablement durci le ton. Licenciements massifs, emprisonnements arbitraires, censure sans borne… le Président profite de la situation de crise pour brider progressivement les libertés de son peuple. Au premier rang des « ennemis » à abattre : les associations kurdes sous toutes leurs formes, considérées comme terroristes. Par malchance, la combattante Ebru Firta en fait partie.