Les nouveaux compteurs déployés par ERDF ont fait leur arrivée à Toulouse. Certaines associations y voient une réelle menace, en particulier pour leur vie privée.

A l’instar de nombreuses autres villes françaises, Toulouse vient de passer le cap Linky. Le déploiement de 600 de ces nouveaux compteurs d’Electricité Réseau Distribution France (ERDF) dans la Ville rose a été officiellement inauguré le 21 janvier dernier. Président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc était notamment présent. Ces nouvelles installations ne concernent pour le moment que le quartier des Amidonniers, mais Empalot et Saint-Michel seront équipés d’ici cet été. D’ici mai 2020, 440 000 foyers toulousains disposeront normalement de ce nouvel outil.

Le principal intérêt du compteur Linky est qu’il permet d’effectuer des relevés à distance, nul besoin donc de prendre rendez-vous avec un agent. Les ménages pourront contrôler plus facilement leur consommation d’énergie et de ce fait, il leur sera plus facile d’essayer de la réduire.

**« Nous ne sommes pas des cobayes ! »

Malgré ces avantages, qui ont séduit la mairie de Toulouse, un certain nombre d’associations et de collectifs citoyens font preuve de scepticisme face à l’installation de ces nouveaux compteurs. « En quelques années, 35 millions de compteurs en parfait état de marche seront mis à la poubelle, remarque Stéphane Lhomme, président de l’Observatoire du Nucléaire. Sur le plan écologique, ce n’est absolument pas responsable. » D’après lui, l’argument selon lequel Linky permettra aux Français de faire des économies n’est pas non plus recevable : « Les ménages baisseront certainement leur consommation au cours des premiers mois, reconnaît-t-il. Sauf que la vie finira par reprendre son cours, et ces économies deviendront dérisoires. »

linky2-2.jpg

De plus, les nouveaux compteurs déployés par ERDF seraient porteurs d’ondes potentiellement cancérigènes. C’est notamment ce que dénonce l’association « Robin des Toits », engagée dans la défense des personnes souffrant d’électrosensibilité. Aucune étude n’est cependant parvenue à une telle conclusion, tandis qu’ERDF dément l’existence d’un quelconque risque d’ordre sanitaire. « Ce sont des industriels qui ont financé les expertises scientifiques démontrant qu’il n’y avait pas de danger, elles sont donc forcément biaisées, déplore Stéphane Lhomme. Nous n’avons pas envie de faire comme si de rien n’était et que, dans dix ans, on nous dise que ces ondes étaient effectivement cancérigènes. Nous ne sommes pas des cobayes ! »

**Une (nouvelle) atteinte aux libertés publiques ?

Mais une autre menace est pointée du doigt par ces associations. Il s’agit des atteintes à la vie privée qui seraient perpétrées par les relevés de compteurs, effectués à distance et sans que le foyer concerné ne soit au courant. « Que le fournisseur d’électricité sache combien j’ai consommé sur période relativement longue, par exemple un ou deux mois, c’est normal, concède le président de l’Observatoire du Nucléaire. En revanche, qu’il puisse avoir des informations sur ma consommation quotidienne, et donc savoir si je suis chez moi ou pas, c’est très grave. » Et d’ajouter que, selon lui, le contexte dans lequel la France est actuellement plongée n’est pas anodin : « Avec l’état d’urgence, nos libertés publiques sont déjà remises en cause, remarque-t-il. Les quantités invraisemblables d’informations que nos gouvernants vont pouvoir récupérer grâce à Linky renforcent à mon sens cette dérive autoritaire, qui n’a donc pas besoin du FN pour se déclencher. »

Toute personne souhaitant ne pas recevoir l’installation d’un compteur Linky à son domicile doit le faire savoir par courrier auprès d’ERDF. A l’heure actuelle, seuls 0,9% des Toulousains concernés ont exprimé leur refus. Les communes peuvent aussi se prononcer contre le déploiement de ce dispositif chez leurs administrés. « Malheureusement, beaucoup d’élus ignorent complètement les problèmes engendrés par Linky, regrette Stéphane Lhomme. Mais huit conseils municipaux se sont déjà opposés à l’installation dans leur commune. J’espère que le front du refus va s’élargir le plus vite possible. »