sdf.jpg

«Dénoncer le manque de places d’hébergement d’urgence», tel était l’objectif des deux grèves annoncées par les travailleurs du 115 à seulement quelques jours d’intervalle. Ces salariés de la veille sociale se sentent aujourd’hui dépassés par une demande qui ne cesse d’augmenter.

Un service téléphonique saturé

Chaque soir, ce sont pas moins de 250 personnes qui resteraient dormir dans la rue à Toulouse. Parmi elles, des hommes «vulnérables» et des femmes souvent victimes de violence, qui «supplient [le 115] de les protéger». Le service, sur-sollicité, ne parvient aujourd’hui à ne répondre qu’à 15-20% de leurs appels téléphoniques. Des statistiques d’autant plus préoccupantes que même lorsque l’on parvient à joindre un écoutant, après parfois «une heure d’attente», c’est bien souvent pour se heurter à un énième refus. L’an passé, entre 80 et 90% des requêtes se sont ainsi soldées par un échec, faute de place dans les centres d’hébergement dédiés.
Selon les travailleurs de veille sociale, ces lenteurs de procédures découragent de nombreux sans-abris, qui ne tentent même plus de les contacter.

La Préfecture en action

Le 16 janvier dernier pourtant, se dégageait une petite lueur d’espoir pour le 115. Le Plan Grand Froid était alors déclenché par la Préfecture de Haute-Garonne, conduisant à la création de 52 places supplémentaires en structures d’hébergement d’urgence. Mais le répit fut de courte durée. En effet, seulement 48 heures plus tard, le Plan était levé, poussant cinq familles et trente-deux personnes isolées à retourner dans la rue. Une décision que les salariés du 115 ont jugé contraire au discours de la ministre du Logement Sylvie Pinel. Celle-ci s’était engagée à ce que «les places exceptionnellement ouvertes pour protéger les personnes sans-abri durant l’hiver [le restent] jusqu’à la fin de la période hivernale», soit le 31 mars.

La préfecture, elle, a tenu à rappeler les progrès effectués sur le sujet. Le département compte actuellement 2314 places en centres d’accueil, dont 860 en urgence. En l’espace de deux ans, ce sont 294 places qui ont été créées, soit une augmentation de 35% des capacités d’hébergement. Rien que cet hiver, 106 nouvelles places ont vu le jour. Les autorités ont également mobilisé des biens immobiliers provisoirement vacants. Au total, trois maisons individuelles à Toulouse ainsi que l’EHPAD de Bellefontaine, pour l’heure inoccupé, devraient ainsi accueillir 300 personnes sans logement. Quant à la levée du Plan Grand Froid, elle répondrait simplement aux règles strictes de cette procédure, qui ne peut être mise en place que lorsque Météo France prévoit des températures nocturnes inférieures à zéro degrés sur plusieurs jours.

Un « 115 » citoyen

Certains ont de fait choisi de prendre le relais de l’Etat, à l’image du site «Le 115 du Particulier». Lancée début 2012, cette plateforme met en relation sans-abris et particuliers désireux de leur offrir un toit provisoire. La petite équipe à l’origine de ce «fantastique mouvement citoyen» a également créé un «village» en Seine-et-Marne. S’y jouxtent caravanes et réfectoire, alimenté par les dons de commerçants locaux. Si les sans-abris peuvent y trouver un toit, ils y gagnent également un peu de «chaleur humaine bienfaitrice». A terme, les fondateurs espèrent faire de ce lieu atypique et solidaire un espace de «réinsertion, et de reconstruction».