Limitation temporaire du périphérique Toulousain à 70 km/h, prix prohibitifs des places de parking en centre-ville (Cour des Comptes), développement des transports en commun alternatifs … Tous les voyants sont au rouge pour les automobiles à Toulouse. De quoi les repousser au delà des frontières du centre-ville ? Rien n’est moins sûr selon les principaux intéressés. 

37 649 : C’est le nombre de véhicules neufs vendus en 2016 par les concessionnaires automobiles en Haute-Garonne selon les chiffres du CNPA. Avec une hausse de 6% des ventes par rapport à 2015, le département se situe au-dessus de la moyenne nationale. Une progression des ventes qui semble se stabiliser depuis 2014, pour le plus grand bonheur des constructeurs après plusieurs années négatives liées à la crise financière.

Malgré les scandales à répétition de manipulations des émissions de gaz à effet de serre des véhicules diesels par les constructeurs, les automobilistes ne semblent pas forcément prêts à laisser leur voiture au garage.

Réduire l’utilisation excessive de la voiture : une nécessité pour la municipalité

Malgré ce tableau flatteur pour les constructeurs en 2016, la municipalité toulousaine s’est engagée depuis plusieurs années en faveur d’une réduction de l’utilisation de la voiture en centre-ville. « Actuellement, l’espace occupé par la voiture est supérieur à l’espace disponible offert par le territoire de notre ville : le risque de saturation est réel » explique Jean-Michel Lattes, premier adjoint au Maire de Toulouse et président de Tisséo.

Au delà du facteur géographique, le facteur environnemental est également à l’origine de cette politique publique. « A partir des années 2000, on a supprimé l’effet rond-point autour de la place Saint-Sernin et de la place du Capitole. Par exemple, 30% des personnes qui faisaient le tour de la place du Capitole en voiture n’effectuaient pas un trajet nécessaire. C’était plutôt une sorte de culture ! »

Pour autant, la problématique n’est pas exclusivement liée au centre-ville toulousain. L’espace périurbain est également dans la viseur de la municipalité. Selon un rapport de Tisséo publié le mois dernier, la moitié des émissions de gaz à effet de serre de l’agglomération est liée aux déplacements des habitants de la périphérie. La disposition du territoire est un facteur aggravant de la situation selon Jean-Michel Lattes.

« Toulouse est une ville particulière car elle est très étendue, l’espace physique est équivalent à celui de Paris. Notre territoire est donc très dispersé et la réponse en matière de transport en commun est incomplète. Celui qui habite en dehors du centre-ville est obligé d’utiliser la voiture à moins d’être sur un axe particulier train-rail ».

L’instauration de la troisième ligne de métro, reliant Colomiers à Labège ainsi que le projet de téléphérique peuvent apparaître comme justifiés pour désengorger le trafic autoroutier.

L’évolution progressive des modes d’utilisation de la voiture

Représentant près de 50% des ventes de la firme Japonaise en Haute-Garonne, la Toyota Yaris demeure une citadine hybride idéale pour le centre-ville. Photo : Jakob Maciejewski / Wikicommons

Toutefois, on peut constater une évolution des mentalités de la part des constructeurs. Chacun s’est spécialisé dans une innovation technologique pour réduire les émissions à effets de serre : électrique, pile à combustible, hybride, hydrogène… Bien que l’électrique ait encore du mal à trouver sa place en raison du coût élevé à l’achat et de l’insuffisance des bornes électriques, l’hybride constitue une alternative crédible au yeux des consommateurs comme l’explique Lucas Pinna, responsable marketing à Toyota Toulouse.

« Avec une gamme à 50% hybride pour Toyota et 100% pour Lexus, nous fournissons des véhicules plus propres et non contraignants aussi bien pour les utilisateurs que pour les autorités publiques. C’est une mode où tout le monde s’y met » énumère-t-il. « Nos chiffres dans le département sont plutôt bons et ils ont tendance à se stabiliser depuis deux ans maintenant ».

« Désormais, on n’achète plus une voiture mais plutôt un moyen de mobilité », Jean-Michel Lattes (Président de Tisséo)

Le changement de mentalité est également présent du côté des utilisateurs comme en témoigne les ventes en Haute-Garonne en 2016. Dans le département, la vente d’un véhicule neuf sur deux s’est effectuée dans le cadre d’une location-vente, preuve d’une plus grande volatilité du marché. « On constate une mutation pour les voitures : désormais, on n’achète plus une voiture mais plutôt un moyen de mobilité. Le permis est devenu davantage accessoire et on utilise la voiture autrement » constate Jean-Michel Lattes.

Même son de cloche pour Lucas Pinna : « On a pu observer cette évolution. La notion de propriété s’est quelque peu effacée au profit d’un moyen de mobilité. On paie désormais pour une prestation où l’on change de voiture tous les trois ans ».

Cette lente mutation ne signifie donc pas une disparition immédiate de la voiture dans le centre-ville toulousain, d’autant plus qu’il s’agit d’une problématique inhérente à toutes les agglomérations françaises. Ainsi, le Plan de déplacements urbains (PDU) lancé par Tisseo en partenariat avec une centaine de communes en Occitanie vise à réduire de 5% l’usage de la voiture et à promouvoir les transports en communs d’ici à 2030.