Créé en 1979 à Castillon-la-Bataille, près de Bordeaux, par les frères Depons, le horse-ball, inspiré du pato argentin, attire de plus en plus de licenciés. A Montaigut-sur-Save, en Haute-Garonne, le VI Toulousain fait partie des douze clubs de horse-ball de la région Midi-Pyrénées. Reportage sur terrain ensablé.
Nichées sur les coteaux de la petite vallée de la Save à mi-chemin entre Toulouse et le département du Gers, les écuries d’Abako, au lieu–dit Bélengues, accueillent un des trois clubs de Haute-Garonne d’un sport équestre en plein développement : le VI Toulousain de horse-ball. Ils sont sept garçons de 16 à 39 ans à composer l’équipe amateur, l’équipe club est mixte. Aucun prérequis n’est exigé pour pouvoir jouer si ce n’est un galop 2 minimum et un galop 4 pour les seniors.
Un sport ludique et collectif
Créé en 1979 à Castillon-la-Bataille près de Bordeaux par les frères Depons et adapté du pato argentin, le horse-ball est la même année reconnu par la Fédération française d’équitation (FFE) qui l’intègre aux jeux équestres. Petit à petit, il devient une discipline sportive à part entière avec une première Coupe d’Europe en 1992, sept ans avant la création de la Fédération internationale de horse-ball (FIBH). Sa reconnaissance par la Fédération équestre internationale survient néanmoins tardivement en 2004 pour une première Coupe du Monde en 2006 en Argentine.
Depuis, la discipline est en plein développement en France. Avec en 2013 près de 7000 licenciés, c’est aujourd’hui la troisième discipline équestre de la FFE. Un beau succès, en partie lié à la dimension collective, mais aussi ludique, de ce sport un peu particulier. « Ça se développe énormément. Les joueurs font aujourd’hui l’effort d’être plus des cavaliers que des joueurs » observe Sébastien Falquier, entraîneur du VI Toulousain depuis sept ans et président de la commission horse-ball du comité régional d’équitation. Il poursuit : « Le seul frein à tout ça, c’est qu’il y a très peu d’enseignants formés à la discipline. Enseigner le horse-ball, c’est une démarche personnelle ».
A l’unanimité, les joueurs du VI Toulousain sont entrés dans le horse-ball pour jouer dans un sport d’équipe. « Le horse-ball, ça m’est venu de la frustration d’un sport individuel et pas très ludique : l’équitation » assène, convaincu, Jean-Christophe Laulhère-Vigneau (26 ans) diplômé d’école d’ingénieur. Une alternative à la pratique parfois monotone de l’équitation que recherchait également Stéphane Petit (39 ans) : « Après quinze ans d’interruption, quand j’ai voulu reprendre le cheval, j’en ai eu ras le cul de l’équitation classique. Je suis tombé dans le horse-ball et j’ai tout de suite accroché ».
Plus spectaculaire que dangereux
Comme la majorité des disciplines sportives, le horse-ball est codifié par un certain nombre de règles de bon sens. « Quand on a le ballon, on est attaquant et quand on ne l’a plus, on est défenseur » rappelle Sammy Attou (19 ans) co-équipier du VI Toulousain. Chaque phase de jeu se fait dans un sens : celui de l’attaque, sur un terrain de 60 mètres de long pour 30 de large. Pour marquer un but, chaque équipe de 4 joueurs doit effectuer un minimum de trois passes entre trois horse-balleurs différents. Les contacts sont autorisés mais très encadrés pour la sécurité des cavaliers. Ils permettent aux défenseurs de subtiliser le ballon à six anses : c’est l’arrachage. Les règles ont été codifiées par deux amateurs de rugby, les touches en sont inspirées et les contacts un peu aussi. D’une intensité physique extrême pour les chevaux comme pour les cavaliers, les matchs durent 20 minutes avec 3 minutes de mi-temps.
« C’est assez physique par les contacts, mais on peut compenser par la rapidité et l’agilité » décrit Jean-Christophe. Les qualités d’un bon couple cavalier-cheval de horse-ball sont étroitement liées à la rapidité et la perméabilité des phases de jeu. Maîtrise du cheval, fort mental, agilité, explosivité, précision, lucidité, vision stratégique, les qualités recherchées font du horse-ball un sport complet. Pourtant, la discipline reste simple dans la pratique même si elle demande une certaine capacité d’adaptation. « Les stratégies sont simples, mais elles doivent être déroulées à la perfection pour que ça fonctionne » explique le coach du VI Toulousain. Il ajoute : « On est dans la problématique d’un sport avec cheval. Donc on a affaire à un couple cavalier-cheval. Cela demande beaucoup d’adaptations, notamment lors des changements de couples ».
Sport exigeant par les conditions extérieures d’entraînement difficiles – la plupart du temps le soir et l’hiver – et l’investissement personnel requis, le horse-ball se veut plus spectaculaire que dangereux. Les règles du jeu mettent la sécurité des chevaux et des cavaliers au premier plan. « C’est le porteur du ballon qui assure la sécurité du jeu » précise Stéphane. Et Sammy de renchérir : « Tant qu’on respecte les règles, ce n’est pas dangereux ». La confiance dans le couple cavalier-cheval est indiscutable pour mieux jouer et sans danger. « On passe plus de temps à les entraîner qu’à jouer » assure un équipier du VI Toulousain. Car le premier maître du jeu, c’est bien le cheval : « s’il ne veut pas jouer, pas de horse-ball » ironise Stéphane.