Si on se promène dans Toulouse, chacun pourra déceler son visage latin. Les différentes migrations latines ont construit une image particulière de Toulouse, la ville la plus espagnole de France. Le tropisme hispanique de la ville attire des migrants venus de l’autre côté des Pyrénées comme du sud de l’océan Atlantique.

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Sous les pieds des Toulousains se nichent des tessons d’amphores, signe de la présence romaine dans l’Antiquité. En effet, à cette époque, Toulouse était la plaque tournante du commerce de vin dans le Sud-Ouest. Mais les Romains ont aussi modelé les prémisses de la ville comme on la connait aujourd’hui. La Toulouse romaine est délimitée par la place du Capitole au nord, la place du Salin au sud, la Garonne à l’ouest. La place Esquirol est le nœud des axes de communication de la Toulouse antique, s’y trouvaient un forum, un temple et, place du Pont-Neuf, un théâtre.

Pour retrouver le caractère latin à Toulouse, il faudra ensuite attendre le XXe siècle. Quand les régimes fascistes se mettent en place, cela va donner lieu à des vagues de migrations. Dans les années 1920, des Italiens s’installent à Toulouse pour fuir Mussolini. Mais c’est surtout à la fin des années 1930 que la ville connaît un afflux massif d’Espagnols, des Républicains. En effet, la Retirada de 1939 fait directement suite à la défaite du camp républicain face aux fascistes menés par le général Franco. Avec cet exode de réfugiés politiques, Toulouse devient la capitale de la République espagnole en exil. Des traces de cette histoire subsistent dans la ville. Dans le centre, on peut lire sur une plaque : «  Au 69 et au 71 de la rue du Taur, pendant la dictature franquiste, étaient installées les directions du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol et de l’Union Générale des Travailleurs ». Et de l’autre côté de la Garonne qui sépare la ville, à Saint-Cyprien, on trouve le Quai de l’Exil républicain espagnol. 25 000 Espagnols sont restés à Toulouse, ce qui lui donne ce caractère particulier.

Une ville latine qui attire de nouveaux migrants hispaniques et latino-américains

Puis, d’autres Espagnols ont débarqué à Toulouse pour des raisons économiques. Une tendance qui s’accentue aujourd’hui à cause de la crise qui sévit en Espagne. Le chômage galopant pousse à l’exil économique de nombreux Espagnols, surtout des jeunes. Et dans les rues de Toulouse, on entend de plus en plus parler espagnol.

Les Latino-américains sont aussi très présents dans la ville. Certains viennent de l’exil politique des années 1970 mais aussi de migrations économiques. Des Latino-américains viennent également à Toulouse pour leurs études supérieures. La jeunesse de cette migration et l’histoire espagnole de Toulouse favorisent une certaine dynamique culturelle. Entre l’émission de radio Fréquences Latines, des festivals de cinéma, tels Latino Docs (voir l’article du dossier) et Ciné Latino, ou encore les nombreuses associations de musiques latinos, la vie culturelle et festive toulousaine vibre bien souvent aux sons venus d’Amérique latine.