Les chaînes d’information en continu ont dominé l’actualité de l’année 2012. De l’affaire Merah à l’élection présidentielle, chaque minute de ces événements a été répercutée dans les journaux télévisés de ces chaînes. Les Assises du journalisme ont consacré à ce thème un débat, animé par Albéric de Gouville, rédacteur en chef de France 24. L’occasion de revenir sur la naissance et la montée en puissance de l’information en continu.

Tout commence en 1980 aux Etats-Unis avec la naissance de CNN, première chaîne d’information en continu, créée par Ted Turner. Entre la retransmission en direct de la guerre du Golfe et de la révolution roumaine on pouvait, pour la première fois, s’installer sur son canapé et suivre l’histoire se dérouler sous nos yeux. C’est une véritable victoire de l’information qui a mis du temps à arriver en Europe.

La première chaîne du genre est apparue non pas à la télévision mais à la radio, en 1987, avec France Info. Le but recherché était de « mettre en place une radio-réalité qui propose à la fois de l’information en continu, des breaking news mais aussi le reflet 24/24h de la réalité du pays », comme l’indique Frédéric Carbonne, le directeur de la rédaction.

En 1994, la première chaîne télévisée à se lancer dans l’aventure de l’information en continu est LCI, une filiale de TF1. Au tout début, l’information allait lentement, sans téléphone portable ni Internet, mais le concept a fait des adeptes. Le succès de LCI entraîne la création d’autres chaînes qui s’inspirent du modèle américain. Et en 1999, ITélé, filiale de Canal+, voit le jour. D’une chaîne de région à son lancement, elle a aujourd’hui la volonté de devenir pleinement une chaîne d’information, soumise à l’actualité, s’intéressant à l’économie, à la politique étrangère, à la société ou encore à la culture pour embrasser la réalité du monde.

Le dernier-né est BFMTV, qui fête ses 7 ans cette année. Créée en 2005 par Alain Weill, BFMTV est la principale concurrente d’ITélé. Il s’agit de la seule chaîne qui n’est pas adossée à un grand groupe, elle revendique donc son indépendance et donne la priorité au direct ; elle se veut la chaîne de l’événement.

Un modèle qui bouscule les habitudes

Les chaînes traditionnelles sont désormais bousculées par les chaînes d’information en continu qui les contaminent, les sollicitent, les interpellent. Tout le monde a accès, à tout moment de la journée, à l’information. A quoi servent donc les journaux télévisés de 13h et 20h ? Les chaînes dites traditionnelles doivent se remettre en question pour continuer d’exister. Les JT cherchent ainsi à trouver leur place, sans verser dans l’information en continu. Pour dépoussiérer son JT, TF1 a fait appel à Gilles Bouleau qui a bien compris qu’il fallait arrêter l’empilement de sujets. Il a donc pris le parti de faire des choix précis, adopter un thème différent chaque soir et le décliner en plusieurs sujets de divers formats. A chaque JT son astuce pour se démarquer !

Cependant, si ce modèle du tout continu tend à se généraliser et fait de nombreux accros de l’information, nombre de détracteurs n’hésitent pas aussi à exprimer leur mécontentement face aux dérives que cela peut engendrer. Il est compliqué de réguler l’information et faire beaucoup de direct sur un événement en train de se dérouler, comme cela a été le cas pour l’affaire Merah, peut entraîner des excès et des abus.