La presse magazine et en particulier la presse féminine se porte comme un charme, à l’heure où la quotidienne voit ses ventes baisser en flèche. Mais quelle est sa recette miracle, celle qui lui permet de booster sa vitalité et de lutter contre la morosité ambiante? « Univers-Cités » a rencontré les rédac-chefs de trois grands titres de cette presse qui a, plus que jamais, le vent en poupe : Causette, Grazia et Elle.

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« Tu sais, c’est pas si facile » comme disait l’autre, être une femme libérée, qui lit son magazine, sa presse à elle, induit souvent de rapides clichés. Et oui, car le terme féminine rime avec Maybeline, Soupline et Becassine… Mais demeure néanmoins moins barbare et angoissant que celui de féministe !

Une presse qui fait jaser donc, mais n’est-ce-pas parce que sa réussite suscite des convoitises du côté de la gent masculine ? Car, oui, les femmes ont pris le parti de parler d’actu, avec un petit brin de folie sous la plume. L’immortelle Elle, née en 1945 a d’ailleurs toujours revendiqué sa « schizophrénie » : « du sérieux dans la frivolité ».

Si le gloss, l’aspirateur et les popos de bébés restent nos thèmes de prédilection, cela va sans dire, un peu d’info ne peut faire de mal à personne ! Et à chaque magazine son identité et sa façon de traiter l’actualité. Pour la jeune Causette qui vient de fêter ses trois ans, et surtout, le prix du « meilleur magazine de presse » décerné par le grand prix des médias, il s’agit de traiter l’actualité sous un angle politique, quitte à en froisser certains. « Nous voulons savoir ce que certains ont dans le ventre, et nous n’hésitons pas à ressortir les sujets « oubliés » qui en réalité fâchent un peu, comme les déséquilibres salariaux entre hommes et femmes », confie Johanna Luyssen, sa rédactrice en chef adjointe.

Grazia elle aussi, fait son petit tri « on ne se sent pas obligé de parler de tout » avoue Elsa Guiol, rédactrice en chef actu, mais une chose reste primordiale : quand le choix a été fait, celui de garder un point de vue universel dans le traitement de l’info.

En revanche, pour Elle, l’important est de trouver un angle qui va toucher ces dames, à travers un portrait de femme par exemple pour le conflit syrien, un moyen d’analyser l’information d’un point de vue concret et revendicatif.

Mais où sont les expertes?

Mais toutes trois restent d’accord sur un point majeur : dans l’actualité généraliste, les femmes expertes ne sont pas assez interviewées. « Aujourd’hui, ce sont encore les hommes qui hiérarchisent l’info » se scandalise Anne-Cécile Sarfati, l’adjointe du magazine. La presse féminine reste donc encore l’une des rares à leur redonner une vraie place dans le décryptage de l’info. Si Causette avoue tout de même qu’une certaine prise de conscience naît, encore bien du chemin reste à parcourir…

Une preuve que la société ne se serait pas encore adaptée à l’entrée massive des femmes dans la vie active par exemple est donnée par Elle, « on parle encore de l’heure des mamans, c’est pourtant caduc aujourd’hui, les mamans elles travaillent pour la plupart ! »

Féministe, un terme encore tabou

Mais attention, à ne pas traiter ces trois là de féministes… ! Là n’est pas la question, car cette appellation dérive souvent en terme péjoratif, voire tabou. Un petit retour lexical s’impose donc : « Le féminisme est un humanisme, il s’agit juste de vouloir avancer pour l’égalité homme/femme ! Nous sommes féministes par nature, c’est quelque chose d’intérieur qui nous guide, mais cela ne fait pas de nous des militantes aigries ! » s’insurge Causette.

Et Elle et Grazia de préciser qu’il « s’agit d’un féminisme certes, mais réconcilié avec les hommes, dans une recherche de plus grande mixité »… tout simplement !