Comme à chaque nouveau film, Costa Gavras est très attendu, depuis 40 ans ses productions s’engagent en politique et défendent mille et une causes. Alors, en ces temps de crise, pour son nouveau bébé Le Capital, quoi de plus normal que de parler d’argent ?

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Marc Blanchet, incarné par Gad Elmaleh, a beaucoup d’argent, mais il en veut toujours plus, pour une bonne raison : être respecté. Nouvellement élu à la tête de Phenix bank, la plus grosse banque européenne. Marc a bien conscience de la responsabilité qui l’attend, outre la paye mirobolante de un millions deux cent mille euros, un monde cruel s’ouvre à lui : une hostilité passive de tout le personnel, un gouvernail à tenir malgré la tempête, une famille qui se délite et lui reproche son absence…

Le capital, c’est donc cette spirale infernale du pouvoir et de l’argent dont notre jeune directeur devient la victime. Car, a vouloir tromper, tromper ses actionnaires, sa femme, les employés, c’est Marc qui finalement est le plus berné.

Seul, il est seul, à devoir virer sans en avoir l’air, à devoir garder le cap coute que coute malgré les pernicieux plans des succursales du Japon jusqu’aux Etats-Unis. La tête de cette machine, n’est qu’une vulgaire marionnette, proie de tous les vautours du capitalisme. L’histoire de l’arroseur arrosé.

Le Robin des bois des riches

Tout y est, un monde de blackberry, tablettes, jet privés, champagne à gogo, yatch privés… les déjeuners d’affaire s’enchainent, l’empathie pour Marc augmente. Bref, un film d’un réalisme attristant. Et pourtant, difficile de ressentir quoi que ce soit, dans ce monde hyper-artificiel, où les courbes, et les chutes vertigineuses ne font même pas frissonner.
La caméra, suit à toute allure le rythme de cet homme dont le quotidien n’est qu’une accélération permanente, et rien ne nous est épargné, jusqu’à ses fantasmes violents de revanche, d’insultes et d’envie de tout lâcher. Mais non, notre « Robin des bois des riches » garde la tête haute et ne laisse rien paraître.

Dans cette nouvelle fiction, qui n’en a pas l’air Costa Gavras n’avait qu’une intention, pointer du doigt ce qu’est le nouveau pouvoir, celui qui a remplacé le politique : l’argent. Et cela lui tenait à cœur « J’ai organisé ma vie de façon à ne pas faire de film alimentaire ». Et grand bien lui en fait de le dire, car, la faute à qui, reportages, documentaires, films en tous genre ont déjà traité et sur-traité le sujet, alors ici, rien de bien neuf sous le soleil. Cette fois ci, donc, Costa Gavras ne vient pas révéler de scandale inconnu au grand public, il se place dans la lignée anti-capitaliste classique, avec un acteur « normal ». Dommage.

Mais, n’est ce pas être un peu dur, n’est ce pas lui reprocher, à lui, artiste, le monde dans lequel on vit tout simplement ? Car, certes la caricature n’est pas amusante à voir, mais elle est là, et le film n’en fait à peine trop, en effet, le réalisateur avoue « Après avoir fait lire mon synopsis à un des gérants de la Société Générale, la première réaction de celui-ci fut de me dire, oui tout est vrai, mais vous pouvez monter tous vos chiffres, les sommes en jeu sont bien plus importantes que celles que vous indiquez ».

Ainsi, puisque cette caricature, c’est notre vie… Libre au spectateur de vouloir ouvrir ses yeux, ou on contraire de les serrer très fort, pour tout oublier.