Véritable machine à dollars avant d’être la discipline montante de la planète fitness, la zumba est devenue en quelques années un incontournable dans toutes les salles de sport de France et de Navarre. Aujourd’hui, pas un club, ni une chaîne de remise en forme qui n’ait son propre programme, surfant sur la tendance d’une société arc-boutée sur le tandem du paraître et du bien-être.

19 heures dans une salle de sport de la région toulousaine. La partie fitness grouille, les couleurs flashy scintillent, ce soir, une vingtaine de jeunes femmes répondent présent à la reprise des cours de zumba. Les premières notes de musique retentissent, c’est parti pour une heure de défoulement. Sous la direction d’un professeur à l’énergie communicative, les sportives enchaînent à un rythme effréné les mouvements et autres pas de danse au son de la culture latine. Quelques minutes plus tard, la fatigue d’une journée de travail semble oubliée, toutes n’ont à l’esprit qu’une idée : s’amuser en transpirant. Voilà la force de la zumba.

_DSC8467.jpg

Zumba, l’histoire d’une marque

À mi-chemin entre les chorégraphies canal Amérique latine et l’aérobic des années 1980, cette nouvelle pratique réussit le tour de force de faire rimer plaisir et santé dans des lieux où a régné des décennies durant le culte de la souffrance physique. Pourtant, rien au départ ne prédestinait la zumba à connaître pareille success-story. Inventée un peu par hasard suite à des cours improvisés professés par Beto Perez, elle dépasse les frontières de la salle de gym colombienne dès 1999, date de la création de la marque Zumba.

Avec 12 millions d’adeptes à travers plus de 125 pays pour 100 000 instructeurs formés, l’enseigne est devenue le nouveau veau d’or de l’univers fitness [[http://www.strategies.fr/etudes-tendances/tendances/187031W/la-zumba-fait-danser-le-business-du-fitness.html]]. DVD, ligne de vêtements, jeu-vidéo, presse, rien ne lui échappe. Du fitness au business, les clubs de remise en forme ont bien senti le filon, eux qui se sont tous empressés de se former aux rudiments de la pratique à la mode.

Passé le week-end de formation d’une valeur de près de 350 euros et le suivi de cours sous l’égide d’un formateur, le professeur de fitness obtient la licence signée Zumba, sésame nécessaire pour enseigner la discipline – même si certains professionnels s’en passent volontiers. « J’ai effectué un stage de plusieurs jours à Paris sous la direction de professionnels certifiés pour apprendre les quatre rythmes de base de la Zumba. Après, pour ceux qui désirent vraiment se perfectionner, deux niveaux sont proposés, libre à chacun de choisir » explique Éric, employé d’une salle de sport toulousaine. Un investissement financier et horaire minime donc par rapport aux profits attendus :  « Depuis que l’on propose ces cours, le nombre d’adhérentes a fortement augmenté, et il n’est pas rare de voir des femmes ne s’inscrire qu’à ses modules », ajoute-t-il.

Nouveau public

Autre objet de satisfaction, l’arrivée d’un public nouveau. Longtemps temple de la masculinité triomphante fait de testostérone et de sueur, les responsables de ces salles de sport ont vu dans le fitness le moyen d’attirer la clientèle féminine. Avec la zumba, ce ne sont plus uniquement les adeptes de l’exercice, mais également les femmes peu attirées de prime abord par la dépense physique pensée par les codes du mâle dans nos sociétés, qui n’hésitent plus à franchir le Rubicon. « Je n’ai jamais été une grande pratiquante de sport, mais avec la zumba, c’est différent. À la fin du cours, j’ai surtout l’impression de m’être défoulée, m’être amusée sans avoir perçu le facteur souffrance  » souligne une des participantes de ce soir. D’autant que cette pratique reste facilement accessible grâce à un panel de cours standardisés, formatés, structurés autour de quelques mouvements de base et donnés clés en main aux salles par l’entreprise Zumba Fitness. Bref, la formule gagnante pour attirer sportives exigeantes et néophytes.

Revers de la médaille de ce succès planétaire cependant, l’insatisfaction de pratiquantes face à un marketing tous azimuts qui leur a promis monts et merveilles concernant leur silhouette. Car si la zumba reste une branche du fitness à la dépense énergétique et donc calorique importante, elle doit s’appuyer sur une hygiène de vie correcte, sous peine de multiplier les déçus chez les tenants du « corps-instrument », concept développé par la docteur en sociologie Christine Détrez dans la Construction sociale du corps. Et à plus de 300 euros l’abonnement annuel, il n’est pas rare que le porte-monnaie fonde plus rapidement que les kilos superflus.