Impossible d’imputer clairement des phénomènes naturels isolés à l’effet de serre. Les scientifiques ne peuvent faire des constats pertinents que sur la base des valeurs moyennes. La tendance est néanmoins sans ambiguïté : le climat sur la planète va sensiblement changer. Le siècle dernier, le niveau des océans est déjà monté de 10 à 20 centimètres. Depuis 1960, la couverture neigeuse mondiale a reculé de 10 centimètres. Les scientifiques constatent une perturbation des productions agricoles, le regain de certaines maladies, une multiplication des inondations etc. Les éléments semblent se détraquer.

L’air contient 0,03 % dioxyde de carbone peut on lire dans les encyclopédies. Mais ces chiffres devront être réécrit bientôt. En attendant, la concentration a presque atteint 0,04 %. La différence semble minimale, mais les conséquences sont graves. Le dioxyde de carbone en combinaison avec de vapeur d’eau et d’autres gaz exerce un effet comparable à celui du gaz d’un serre. La sortie de la chaleur émise par la surface de la Terre à l’univers est gênée. Plus il ya de CO2 dans l’air, plus la chaleur est retenue dans l’atmosphère.
Si aucune mesure d’envergure n’est prise à court terme, la température planétaire pourrait grimper entre 1,4 degrés C° et 5,8 degrés C° d’ici à la fin du siècle. En comparaison, la différence des températures entre la dernière période glaciaire et le présent s’élève à 5 degrés C° environ. Les experts craignent des emballements de la machine climatique. Si le pergélisol (immense réservoir de méthane) des toundras en Sibérie et Amérique de Nord dégèle, les scientifiques s’attendent à une accélération dramatique du réchauffement climatique. “Les maisons se mettent à danser”, racontent les habitants de Iakutsk. La glace rompt en Sibérie et les bâtiments s’écroulent. Rues, pipelines et installations industrielles s’enlisent à la bourbe. Le pergélisol, par définition une épaisse couche de terre qui ne dégèle jamais, fond.

webeis-2.jpg Selon la glaciologue Ola Johanessen (Université de Bergen, Norvège), la surface de la banquise présente sur l’océan Arctique en septembre a diminué de 15 % depuis une vingtaine d’années. Et si la concentration de CO2 doublait, la banquise disparaîtrait complètement pendant l’été en 2070.

Les mers polaires sont plus navigables qu’elles ne l’ont jamais été. En août 2005, le premier navire, l’Akademik Fedorov », traversait le pôle sans brise-glace. Les entreprise pétrolières jubilent car l’exploitation des ressources fossiles se facilite. Mais une hausse des températures pourrait causer l’extinction d’un quart des espèces, faute de temps pour s’adapter ou migrer face au changement trop rapide des conditions climatiques. robbeweb-2.jpg La réduction considérable de la couche de glace dont ils dépendent pour se nourrir et se reproduire menace les manchots et les phoques. La photo d’un ours polaire qui saute d’une plaque de glace flottante est devenue le symbole de la lutte contre le réchauffement climatique. Entre 2003 et 2005, les glaces du Groenland ont subi une perte nette d’environ 100 milliards de tonnes par an (revue Science, 20 octobre 2006). Pour l’heure, la perte nette de masse du Groenland s’accélère fortement. Les mesures d’interférométrie radar suggèrent ainsi un rythme de réduction de la calotte qui a plus que doublé en dix ans. Les travaux de Scott Luthcke, chercheur au Goddard Space Flight Center de la NASA, et ses coauteurs suggèrent que la perte de glace du Groenland contribue pour environ 10 % à l’élévation du niveau moyen de la mer (3 mm par an environ depuis 1993). La calotte à l’ouest de l’Antarctique montre aussi des instabilités, souligne Tim Flannery dans son livre « Les Faiseurs de pluie ». Les immenses étendues de glaces en flottaison sur les eaux de l’océan austral constituent un spectacle pour les touristes. Néanmoins, la fonte des calottes glaciaires groenlandaise et antarctique pourrait faire monter le niveau de la mer de 12 mètres. Cinq mètres suffiraient à inonder un tiers de la Floride. Un mètre mettrait en péril Venise. Les Maladives couleraient dans la mer. Les prévisions de l’élévation du niveau de la mer tablent sur 10 à 85 centimètres jusqu’à la fin du siècle (3e rapport du GIEC, 2001). Selon le rapport Stern, la hausse du niveau des eaux des océans de 40 centimètres, jettera plus de 200 millions de personnes sur les routes.

Plus de précipitations dans les hautes latitudes, en même temps encore moins de pluie dans les zones déjà sèches. L’économiste britannique Norman Myers s’attend à 200 millions de « réfugiés climatiques ». Eaux potables salées, mauvaises récoltes et épidémies sont des conséquences possibles du réchauffement. Le WHO compte aujourd’hui 150 000 personnes par an qui meurent des conséquences du réchauffement climatique. Les perdants vivent surtout dans les pays en développement. En Afrique, le climat serait déjà de 0,5 degrés C° plus chaud qu’il y a un siècle, souligne l’organisation non-gouvernementale Oxfam en se référant au rapport « Africa – up in smoke 2 », et à l’avenir la hausse des températures sera deux fois plus élevée qu’ailleurs dans plusieurs régions du continent. Un rapport de la Convention des Nations Unies sur le changement climatique (UNFCCC) présenté à Nairobi le 5 novembre 2006, montre que « 30 % des infrastructures côtières d’Afrique risquent d’être submergées » et que « le rendement des cultures céréalières baissera de 5 % d’ici les années 2080 », du fait du réchauffement de la planète. Mondialement, environ 800 millions gens souffrent en ce moment de carence ou sous-alimentation. Avec une hausse des températures planétaires d’un degré, ils pourraient être 1,3 milliards.
Les pays développés, quant à eux, n’échappent pas non plus aux conséquences du réchauffement climatique. GRASSTREESweb-2.jpg Ces dernières années, les chutes de pluie au sud-ouest de l’Australie sont les plus basses que le service météorologique a observé depuis le début de l’enregistrement de données climatiques. La moitié des pays agricoles sont menacés par la désertification. Tous les quatre jours un paysan australien se suicide par désespoir. Si les températures planétaires augmentent de quatre degrés, l’agriculture devient impossible dans la plupart du continent. L’Australie, dont les émissions par habitant sont parmi les plus élevées au monde, a réaffirmé tout de même son intention de ne pas ratifier Kyoto.

korallenweb-2.jpg Encore un autre scénario empêche de dormir les climatologues : la catastrophe écologique qui s’ébauche dans les océans. Les poissons changent leurs voies de migration pour s’enfuir des eaux s’échauffant. Les algues vénéneuses avancent. Le moteur de la circulation des océans se ralenti. Si l’eau s’échauffe, les polypes-corail repoussent leurs algues en symbiose et les récifs se blanchissent. Si le niveau de la mer augmente trop vite, les associations dépendant de lumière s’enfoncent dans l’obscurité. Si trop de CO2 se dissout dans l’eau, l’encroûtement dissout la chaux des coraux. Fréquemment, les squelettes des animaux sont déjà plus fins. A la cadence actuelle, d’ici à 2050, 60 % des récifs coralliens seront morts.

Quand Hollywood « joue » la cause environnementale.

L’hypothèse du réchauffement de l’atmosphère par les dioxydes carboniques était formulée la première fois par le Suédois Svante Arrhenius, Prix Nobel de chimie 1903, il y a déjà plus de cent ans. Arrhenius se rejouissait de la fin des hivers nordiques froids. Le premier avertisseur était probablement Roger Revelle. En 1957, il chargeait un de ses étudiants, David Keeling, de monter régulièrement au Mauna Loa à Hawaï. De ce lieu bien éloigné des sources de pollutions industrielles Keeling faisait monter des instruments dans l’air pour mesurer la concentration du CO2. Les résultats étaient inquiétants. La courbe dentelée ne cessait de monter. Dès les années 60, Revelle informait le congrès américain du développement dramatique. Pourtant, à l’époque le climatologue estimé Stephen Schneider spéculait sur l’arrivée d’une nouvelle glaciation. Tous les deux n’étaient pas pris au sérieux. Pendant les années 80, le débat s’accélérait – aussi sous l’impulsion du lobby atomique. Le réchauffement imminent servait aux défenseurs du nucléaire comme argument bienvenu en faveur de la technologie sans émissions. sondeweb.jpg La recherche climatologique dévorait des milliards de dollars. Avec des ordinateurs de plus en plus puissants, les scientifiques simulaient l’atmosphère par l’utilisation des modèles informatiques. Des forages de la calotte de la glace groenlandaise et antarctique permettaient de reconstruire l’histoire climatique. Avec l’aide des bouées et ballons les chercheurs poursuivaient les courants aériens et marins. Les savants ramassaient toutes les pièces de mosaïques d’un développement néfaste qui est au cœur des débats aujourd’hui. Il y a deux ans, les écologistes étaient encore une fois encouragés. Michael Crichton a réussi un coup avec « Etat d’urgence », best-seller mondial. Néanmoins, dans l’épilogue l’auteur doute de l’impact humain sur le réchauffement. Mais dans la lutte autour des images dans les têtes Crichton affrontait un maître des effets spéciaux : le réalisateur hollywoodien Roland Emmerich. Egalement en 2004, le scénario catastrophe de son film « Le jour d’après » faisait frissonner les spectateurs. Dès la rentrée le documentaire inspiré par Al Gore fait débat. L’ancien candidat à la présidentielle américaine était intrigué pour la première fois par « une vérité qui dérange » quand il assistait au cours de Roger Revelle a l’université de Harvard.

Crédits photos:

Artctowski Peninsula: Melissa Rider, National Science Foundation

Phoque: Captain Budd Christian, NOAA Corps

Tethersonde: NCAR, NASA, D. Dempsey/San Francisco State University