Quel étudiant n’aimerait pas partir outre-Atlantique ? Pour Maxime Seguin-Couturier, en master recherche à l’Université du Mirail, le rêve américain est devenu réalité grâce aux bourses délivrées par l’organisme Fulbright. Actuellement étudiant à Fort Smith, en Arkansas, il revient sur un voyage riche en découvertes et en désillusions.

« Cela faisait longtemps que je voulais partir aux États-Unis mais j’ai toujours trouvé ça très cher. Il fallait compter environ 10 000 dollars par semestre. C’est en faisant des recherches que j’ai découvert Fulbright, qui offrait la possibilité de partir dans une fac américaine avec des conditions très avantageuses ». En effet, une trentaine de bourses permettent de passer un été voire une année scolaire sur un campus américain, à moindre frais pour l’étudiant motivé. Visa, démarches administratives, billets d’avion et frais de scolarité sont entièrement couverts par l’organisme.

Essentiellement centrées sur l’éducation, les bourses proposées sont une véritable opportunité pour les étudiants qui souhaitent faire une carrière dans l’enseignement, comme Maxime. « Cela me correspondait à 100%. J’allais donner des cours de français à des étudiants américains et j’allais être moi-même étudiant. C’était idéal. J’ai donc monté mon dossier, passé un oral et quelques mois plus tard, j’étais affecté en Arkansas, dans la ville de Fort Smith ».

La découverte d’un campus américain

A son arrivée, le jeune Français n’est pas déçu. La vie sur le campus est très active et les animations ne manquent pas. « Je voulais voir la vie d’un campus, les dortoirs à l’américaine, bref, tout ce que j’avais pu voir dans les films et j’ai été servi. Il y a toujours un événement, un concert, des ateliers cuisine, des activités sportives organisées. Tu peux aussi y faire tes courses. Pour te donner une idée, on a même un Starbucks sur le site ».

Située en zone rurale, la ville de Fort Smith est « loin d’être la destination la plus sexy des États-Unis », mais Maxime reconnait qu’elle offre un certain avantage : « En étant dans une petite ville de 80 000 habitants, on peut mieux appréhender la culture américaine. On dégage bien mieux la mentalité des gens et leur façon de penser. Honnêtement, ça me passionne ».

L’enseignement : « une prestation de service »

Côté cours, l’enthousiasme est moins palpable dans la voix de Maxime. « Je trouve que les étudiants américains sont un peu immatures et clairement assistés. J’ai un exemple en tête : avant d’avoir un examen, les profs disent sur quoi il faut réviser et donnent pratiquement le sujet la veille de l’épreuve ». Le système universitaire américain est bien différent du système français. Les examens sont essentiellement des QCM de connaissances. Professeurs et étudiants se tutoient. Vidéos et autres activités ludiques servent souvent de support aux enseignants.

Pour le jeune Français habitué aux cours magistraux et au respect de la hiérarchie, le déroulement des cours est critiquable à bien des égards : « J’ai vraiment l’impression que le prof offre une prestation de service aux élèves. Il élabore des techniques de divertissements pour motiver et retenir les étudiants, de peur qu’ils quittent son cours. Comme les étudiants payent une fortune, ils ont vraiment une attitude de client. Personnellement, je trouve que ça dévalue complètement leur système éducatif ».

Les joies d’être français

Malgré les nombreuses rencontres faites sur le campus, Maxime n’a pas forcément le sentiment d’être très entouré. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il est difficile d’interagir avec les étudiants américains qui ont une conception plus superficielle de l’amitié. « Ils sont toujours contents de te voir, de partager quelque chose avec toi, mais ça ne leurs posera aucun problème de ne pas te donner signe de vie pendant trois mois si tu ne les recroises pas d’ici là ».

L’Arkansas est un état du sud dont les habitants n’ont pas l’habitude de voyager et encore moins de croiser des étrangers. « Une grande partie d’entre eux n’ont visité qu’un état ou deux. Du coup quand ils rencontrent un étranger, ils vont le toiser pendant de longues secondes et la première question qu’ils vont poser sera très probablement: « Where does that accent come from? » ».

Question tout à fait anodine mais pour l’étudiant, « c’est un énième signal qui vous rappelle votre situation d’immigré ». Fort heureusement, les Français restent très appréciés et font l’objet d’une certaine fascination de la part des Américains. « Dire qu’on vient de France fait toujours sourire votre interlocuteur qui vous demande constamment de traduire n’importe quel mot, juste pour le plaisir de vous entendre parler français ».