Quand guerre rime avec folie et amour avec culpabilité
Dans les années d’après-guerre, Fanny vit seule avec sa fille Marion. Chacune construit la vie de l’autre, dans un amour exclusif, fusionnel. Les jours filent avec leurs lots d’étincelles qui font le bonheur de vivre. Pourtant, parfois, Fanny s’emporte. Ces moments-là déroutent Marion. Elle sent bien que quelque chose ne va pas chez Fanny, mais quoi ? D’ailleurs, pourquoi Fanny refuse-t-elle de voir ses parents ? Qui est cet Allemand, dont Fanny parle parfois comme étant le père de Marion ? Pourquoi Fanny et Marion sont–elles toujours seules ? Jour après jour, année après année, Marion va s’emparer de la vérité, à mesure que la folie s’emparera de Fanny.
La Femme de l’Allemand se déroule dans l’ambiance délétère de l’après-guerre, où l’amour entre Allemand et Français reste inconcevable et rejeté par une opinion publique peu encline à se remettre en question. C’est à la fois un livre sur l’amour filial, la culpabilité, la folie, les préjugés.
La tournure littéraire est peu usuelle : l’histoire est racontée en interpellant Marion à la deuxième personne du singulier, comme si l’auteur, témoin de l’histoire, narrait son aventure à la petite fille. « La route de campagne, déserte, sur laquelle tu cours maladroitement », « de ta mère ou de toi, tu ne sais pas encore, mais tu as honte ».
Ce style peut avoir tendance à mettre une certaine distance entre le lecteur et le ressenti exprimé de la petite fille. L’impression de factice au départ finit toutefois, à mesure que l’histoire avance, par gagner en naturel et en authenticité. Marie Sizun décrit les relations intimes avec retenue et pudeur. Dans le même temps, elle livre avec honnêteté et subtilité un portrait complexe des relations sociales d’après guerre.
Valérie Ravinet
Editeur : Arléa, Paris, France
Collection : 1er mille
Prix : 17.00 €