La banlieue toulousaine voit fleurir petit à petit une offre de concerts qui ne cesse de croître. Le Tempo, installé à Léguevin, le Bascala à Bruguières, et bientôt le Metronum illustrent ce nouveau phénomène. Des salles avec un vrai projet artistique, mais un succès pas toujours au rendez-vous.

Implanté au cœur du quartier Borderouge, dans le cadre du programme d’équipements mené par la collectivité, le Metronum a vocation à devenir l’un des lieux phares du paysage culturel toulousain. La salle ouvrira en février 2014, et les travaux sont quasiment terminés. « Pour une salle dédiée aux musiques actuelles, le postulat de départ était le béton, pour des impératifs acoustiques. L’idée, c’était aussi de concevoir un bâtiment un peu mystérieux, qui suscite la curiosité« , décrit l’architecte Laurent Gouwy, du cabinet GGR, chargé du projet. Claque visuelle, avec son architecture atypique, le Metronum possèdera entre 500 et 600 places, pour une offre tournée vers les musiques actuelles et le croisement entre différents genres (jazz électrique, blues, hip-hop, métal…). Projet ambitieux et novateur, d’un point de vue artistique et culturel, le Metronum vient ainsi renforcer le dynamisme et l’identité naissante du nouveau quartier de Borderouge.

Le Metronum

La salle proposera également un studio de répétition pour les groupes professionnels ou les nouvelles têtes d’affiche locales. Cette idée prolonge l’initiative de la ville de Toulouse, qui en a implanté quatre autres au Mirail, aux Trois-Cocus et à la maison de quartier de l’Hers. Lucie Tournier, de la société Oppidea qui gère le projet Metronum, confirme que l’objectif est bien de s’implanter dans le paysage toulousain : « L’idée, c’est que le Metronum soit inscrit dans le réseau de salles de la ville, qu’il devienne, en plus d’une salle de concert, un outil de travail au service du monde artistique local”.

Une demande musicale suffisante ?

Le Metronum se rapprochera du modèle du Bikini à Ramonville, dont le succès n’est plus à prouver. Des soirées sur des thèmes variés devenue cultes, une offre musicale éclectique, qui touche toutes les générations, la qualité du son, grâce à une équipe technique présente en permanence sur les lieux… Autant de facteurs qui ont fini par imposer le Bikini comme le véritable poumon musical de Toulouse.

Ça sera compliqué de rivaliser, mais Hervé Bodrier, directeur du pôle des musiques actuelles de Toulouse, pense que le public toulousain est bien assez nombreux pour que le Metronum soit une réussite : « La jauge, fixée au nombre de 600 personnes, a été pensée pour ne pas interférer avec les capacités d’accueil des autres lieux de spectacle de la ville« . Il insiste également sur l’originalité de la future salle. « On parle de “lieu partagé”. C’est une approche assez nouvelle dans notre pays. Le Metronum accueillera un centre de ressources, des locaux de répétition, une Music Box conçue comme un lieu de travail, de résidence et d’accompagnement des groupes, et évidemment la salle de concert« .

Petit bémol, les récentes ouvertures du Tempo à Léguevin, et surtout du Bascala à Bruguières ont prouvé qu’il reste compliqué de s’imposer sur la scène musicale de la Ville Rose, même avec un projet sérieux. Ces deux salles, ambitieuses dans la diversité de leur programmation, ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. La faute à un public qui se déplace de moins en moins en périphérie, surtout dans ces villes mal desservies par les transports en commun.

Pourtant, la Ville de Toulouse continue de soutenir la naissance de tels complexes culturels dans le cadre de son Projet culturel 2009-2014. Ce projet s’appuie notamment sur « la nécessité de permettre l’expression artistique la plus large, d’apporter un soutien aux artistes dits émergents, en amont des critères de rentabilité« . Ce nouveau programme d’équipement compte désormais la Maison de l’image à la Reynerie, la Cité des arts et de la danse à l’hôpital La Grave, des rénovations à la Cartoucherie et l’installation de la Compagnie La Machine à Montaudran.

Autant dire que le Metronum est attendu au tournant, et que son succès est espéré. Affaire à suivre lors de son ouverture en février prochain…