Son nom ne vous dit peut-être rien mais Nadine Messias, Toulousaine d’adoption, est une vedette internationale dans sa catégorie, le breakdance. Univers-cités a rencontré cette jeune trentenaire passionnée, qui espère développer à Toulouse la pratique de cette discipline, à mi-chemin entre danse et sport.

Poses complexes et souvent spectaculaires au programme du breakdance. / Photo Eurobattle

Six-steps, flare et baby freeze, autant de mouvements spectaculaires pratiqués en breakdance et dont Nadine Messias, un mètre soixante et B-girl jusqu’au bout des doigts, a fait sa spécialité. Sacrée championne du « Battle of the year » féminin en 2007, une des plus hautes distinctions internationales en breakdance, cette jeune Toulousaine de 32 ans a réussi le double exploit de se faire un nom dans un milieu encore très masculin sans se départir de sa spontanéité : « J’ai découvert le breakdance à la télé, se rappelle Nadine, alias « Flavor Roc ». J’ai immédiatement accroché, car le B-boying a cette spécificité d’être un art autant qu’un sport : il existe certes des pas de base, mais la sensibilité musicale et la liberté d’expression y sont essentielles. Pour le reste, il faut être tenace, physiquement et mentalement, surtout quand on est une fille ! Par chance, le B-boying est en train de se féminiser. »

Internet offre notamment aux B-girls, comme on les appelle, un moyen de mettre en lumière des prouesses à la hauteur de celles de leurs homologues masculins : « Effectivement, je dois parfois travailler plus longtemps qu’un garçon pour maîtriser une figure, concède Nadine, qui travaille au quotidien pour le centre de formation du Stade Toulousain. Le passage au sol requiert une maîtrise du corps particulière. Mais l’essentiel, c’est d’y arriver ! L’entraînement préalable y est d’ailleurs pour beaucoup. En général, je m’astreins à une dizaine d’heures d’entraînement par semaine, sans compter le yoga. »

Compétition et projet d’école

Halls de gare ou salles de sport, Nadine et ses amis B-boys, regroupés au sein de la compagnie toulousaine « Original South Kingz » (OSK), mettent à profit tous les grands espaces pour s’exercer avant les compétitions internationales auxquelles ils participent depuis plus de dix ans. Etats-Unis, Corée du Sud, ou Amérique Latine, la passion pour le breakdance leur aura d’ailleurs sans doute fait faire plusieurs fois le tour du monde. Mais pour autant, pas question pour Nadine de perdre de vue son projet phare : « Compétitions et jams, qui sont des cercles ouverts où chacun peut participer librement, me sont évidemment indispensables, confesse-t-elle. La prochaine battle internationale aura d’ailleurs lieu en novembre prochain à New York, et ce ne sera pas facile ! Cela dit, partager mon expérience avec les jeunes est un plaisir incomparable : c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je prévois de créer, avec les autres membres d’OSK, une école de breakdance à Ramonville. »

Nadine Messias en compétition. / Photo Eurobattle

Déjà bien avancé, Nadine espère de ce projet qu’il éclora d’ici septembre prochain. Car au-delà de la pratique physique, c’est toute une philosophie qu’elle souhaite sauvegarder à travers cette école : « L’essor actuel du B-boying risque malheureusement de le dénaturer, explique « Flavor Roc ». A l’origine, il est né dans les rues new yorkaises, dans le but de remplacer la violence par des joutes artistiques. En le transformant en pratique sportive codifiée, on supprime toute la créativité et l’originalité qui font sa force. Ce serait d’autant plus regrettable d’en arriver là que beaucoup de jeunes qui se tournent aujourd’hui vers le breakdance y cherchent un moyen de s’exprimer et de s’épanouir. » Au contraire, la jolie brune envisage ses cours comme un moyen de structurer les jeunes et de restaurer parfois la confiance de certains ados en difficulté, en leur donnant l’opportunité de développer librement leur propre style. Un concept qui fait mouche, puisque ses interventions de longue date dans les MJC ou les salles de sport du Grand Toulouse sont de plus en plus plébiscitées.