Ces 3 et 4 février sur la place du Capitole, on célèbre comme chaque année la violette, historique symbole floral de la ville. Cela fait pourtant trente ans que les producteurs locaux ont peu à peu disparu de la région. Mais quelques Toulousains se battent pour préserver la culture de « cette fleur si fragile ».
Sous la toile blanche de son stand, c’est avec un large sourire que Monique raconte aux visiteurs ses mémoires de jeunesse. Ses parents maraichers cultivaient en grande quantité la violette de Toulouse, cette variété qui à ses heures de gloire était exportée aux quatre coins de l’Europe et jusqu’en Russie. Du haut de ses 80 ans, elle se souvient qu’on la vendait à l’époque au poids en bouquet, et non en pot comme aujourd’hui, ou encore que la Fête de la violette était l’occasion de célébrer à travers toute la ville l’élection de Miss Violette – l’ancienne Miss Toulouse.
Avec l’association La violette dans son terroir qu’elle suit depuis sa fondation en 2008, Monique souhaite partager cette culture qui faisait depuis 1850 la fierté de Toulouse. « Mon père cultivait la violette, et son père avant lui aussi. C’est normal que je veuille aujourd’hui montrer au jeunes comment c’était fait ! ». Le visage de Monique perd pourtant un peu de son enthousiasme quand arrive pour elle le moment d’expliquer que cette époque est révolue, que Toulouse ne compte plus de producteurs de violettes depuis maintenant trente ans.
« C’est une fleur capricieuse ! »
« Rien n’est à la vente, désolé », s’efforce de répéter aux visiteurs Nadine Rossini. Située au centre de la Fête, au milieu des artisans locaux et des vendeurs de bonbons, l’horticultrice dispose d’une place de rêve. Si elle est présente en ce jour ensoleillé, c’est parce qu’elle vient présenter le travail de préservation des serres municipales. « En 1990, un horticulteur qui se faisait vieux a proposé à la mairie de faire don de ses pieds de violette de collection. Il en venait du Japon, des États-Unis, d’Australie, et aussi évidemment de Toulouse ». Depuis, les horticulteurs de la mairie cultivent plus de 130 variétés de violettes différentes, dont certaines iront colorer les parterres des parcs de la Reynerie ou du Capitole.
Pour Nadine Rossini, c’est un privilège que de participer à la « préservation du patrimoine végétal » de la ville. Pourtant, la disparation des producteurs locaux ne l’étonne pas. « C’est une fleur capricieuse ! Déjà, elle ne produit pas de graines, et nécessite donc d’effectuer des boutures à la main pour la reproduire. Elle dégénère rapidement face aux maladies, et résiste mal aux fortes chaleurs des derniers étés ». Rien de surprenant pour elle que les clients aient tourné le dos à la violette de Toulouse, au profit de violettes sauvages bien plus simples à cultiver. Tout en distribuant à une file de visiteurs un petit pot de la star de la journée, elle conclut : « Le plus important, c’est de faire découvrir aux Toulousains leur fleur ».
Crédit photos : Mattéo Bardiaux