Usage d’armes, violences en réunion, état d’ivresse et récidive. Une soirée qui dérape dans un foyer de jeunes travailleurs à Toulouse. Deux jeunes hommes s’en prennent à leur voisin de chambre qui se plaint du bruit en lui cassant une bouteille de whisky sur la tête.

Sur les coups de 8 heures dans la matinée du dimanche 28 janvier 2024, la fête bat son plein et l’alcool coule à flots dans la chambre d’Ali*. Ce résident du foyer de jeunes travailleurs à invité Saïd*, un ami à lui. Soudain des coups venant des murs de la chambre d’à côté résonnent. C’est Mr Bas*, il n’a pas dormi de la nuit. Il tape contre son mur pour faire cesser le bruit de la chambre adjacente. C’est alors que Saïd, fortement alcoolisé vient toquer à la porte de Mr Bas. Une fois la porte ouverte, Saïd entre de force dans la chambre de Mr Bas et le frappe. Un échange de coups s’en suit. Il est suivi de près par Ali, qui une fois rentré dans la chambre fracasse une bouteille de whisky vide sur la tête de son voisin qui ne demandait qu’à dormir. Pris de panique, Mr Bas se rue sur deux couteaux de sa cuisine et crie « je vais vous planter ». Les deux fêtards sortent de la chambre et Mr Bas court chez le gardien. Alerté par le bruit, le gardien a appelé la police quelques minutes plus tôt. Déjà sur place, les policiers interpellent les trois jeunes hommes.

« C’est la bouteille qui est fragile »

Quand la procureure demande à Ali d’expliquer son geste, il dit que « C’était une bouteille fragile » et que c’est parce que Mr Bas « à la tête dure » que la bouteille s’est cassée. La salle d’audience est prise d’un fou rire. Stressé, il commence à tutoyer la juge et lui parler familièrement. « Il lui aurait niqué sa mère » dit-il en parlant du moment où il à retenu Saïd pour ne pas qu’il ne fasse trop de mal à Mr Bas. Pendant ce temps, Saïd ne parle pas, il a l’air dépassé par les évènements et laisse son avocate le défendre.

Des parcours difficiles

« Je suis un enfant seul, je n’ai pas de famille. Je ne connais que la violence », C’est la réponse d’Ali quand la juge lui demande de s’expliquer sur les faits. Arrivé de Mayotte à 14 ans, il passe d’abord par un foyer puis, dès sa majorité, il enchaîne les formations et les petits boulots. Saïd quant à lui, vient des Comores. Arrivé seul à Mayotte quand il était encore mineur, il y est resté jusqu’en 2022. Maintenant, il a une femme et deux enfants de 2 ans et 6 mois.

Récidive

Ce n’est pas la première fois que les deux amis se retrouvent devant un tribunal. « Une mauvaise année », commente la procureure en relisant le casier judiciaire de Saïd. Quatre condamnations. Toutes en 2012. Il est alors mineur mais les causes sont déjà les mêmes : violence en état d’ivresse. Cependant, son avocate relève le fait qu’il n’a eu aucun problème depuis. Pour Ali aussi c’est la cinquième fois au tribunal. Il vient à peine de sortir de deux ans d’emprisonnement et le voilà déjà de retour dans le box. Alcool et violences sont aussi les principales causes de ses précédentes condamnations.

Des peines pour « éviter la récidive »

Les peines sont en conséquence de leur casier judiciaire. Six mois d’emprisonnement avec sursis pour Saïd. Des soins psychologiques pour ses comportements violents et un accompagnement pour pallier à ses problèmes d’alcool. C’est plus lourd pour Ali. Il est condamné à douze mois fermes et douze avec sursis pour « éviter la récidive ». Selon les mots de la juge, le sursis lui permettra de prendre le temps de se soigner lui aussi. La juge et la procureure prennent en compte leurs parcours difficiles et se montrent bienveillantes envers eux. « C’est dur mais je ne pense pas que vous soyez de mauvais garçons» concluent t’elles à la fin de la séance.

Crédit photo : Lyn Dafis https://www.flickr.com/photos/dogfael/8641442662/in/photostream/

* les noms ont été modifiés