Depuis le 1er janvier 2024, il est désormais possible d’obtenir son permis de conduire dès 17 ans. Un changement qui suscite des réactions assez partagées de la part des auto-écoles et des jeunes concernés dans la périphérie toulousaine.

Le décret du 20 décembre 2023 abaisse l’âge d’obtention du permis de conduire à 17 ans à compter du 1er janvier 2024. Alors que l’âge était fixé à 18 ans depuis 1992, cette mesure constitue une nouvelle étape dans la longue histoire du permis de conduire. Pour justifier cette réforme, le gouvernement avance sa volonté de rendre les jeunes des milieux ruraux plus autonomes.

Mais qu’en pensent donc les premiers concernés ? Ils semblaient attendre l’abaissement de l’âge du permis, et confirment avoir besoin d’une plus grande autonomie. « C’est une bonne chose, surtout pour moi qui habite dans la campagne toulousaine où les transports en commun ne sont pas encore très développés » avance Léo, 16 ans, habitant de la petite commune d’Auzielle. Avec ce changement, il compte s’inscrire plus rapidement à l’examen du code pour espérer décrocher le précieux sésame.

Loïs, habitante de la même commune, en classe de seconde, complète : « Cela permettra aussi d’alléger l’année de notre majorité, souvent déjà remplie par le bac. On pourra anticiper pour passer notre permis dès la première et réussir notre terminale plus sereinement ». Grâce au permis, les jeunes espèrent notamment entrer plus facilement dans la vie active et ne pas s’encombrer de cet impératif pendant leurs études supérieures.  

Les auto-écoles attendent de voir

Du côté des écoles de conduite, la réforme soulève des interrogations. L’auto-école ECF de Saint-Orens de Gameville se dit contente de cette mesure. Sa secrétaire explique : « Cette mesure est particulièrement adaptée pour les profils qui sont en conduite accompagnée depuis leurs 15 ans ». Rappelons que ces jeunes, après avoir conduit plus de 3 000 kilomètres sous supervision, pouvaient déjà passer leur permis à 17 ans mais devaient attendre leur majorité avant de profiter seuls des joies de la conduite. « Cela avance donc leur autonomie d’un an, c’est bénéfique pour eux, d’autant qu’ils savent très bien conduire en général » poursuit-elle. Selon l’auto-école, il n’y a donc pas de problème de maturité chez ces jeunes qui, tout comme les autres, ont un sens de la responsabilité sur la route.

Quand on évoque les craintes d’une explosion des délais d’attente au permis suite à cet abaissement, la secrétaire nuance : « J’ai constaté une légère hausse des demandes depuis le 1er janvier mais elle n’est pas si importante que çaCela peut toutefois poser problème car on fonctionne déjà à flux tendus » concède-t-elle, reconnaissant la problématique des délais très longs que subissent leurs élèves avant de pouvoir passer le permis. Actuellement, dans cette école de conduite sursollicitée, ce délai est approximativement de 4 mois.

Leur position reste alignée à celle du groupe ECF au niveau national. Sur son site web, l’entreprise affiche son soutien sans réserve à la mesure, considérée comme nécessaire et réaliste. A propos des plaintes émises dans les médias par des auto-écoles subissant un afflux de nouvelles demandes, le groupe ECF avance que « cette affluence est générée par les premiers effets d’annonce de la mesure ». Patrick Mirouse, président du groupe, précise : « ce risque d’une affluence soudaine d’inscriptions a déjà été agité lors du passage de la conduite accompagnée de 16 à 15 ans. Or, il s’avère que les demandes sont restées stables, avec du recul ». Une manière d’apaiser l’inquiétude ambiante.

Un manque d’inspecteurs de conduite

Toutefois, il admet que « les écoles de conduite font face de manière récurrente depuis de nombreuses années à un déficit de places d’examens. C’est inacceptable, c’est à l’État d’assurer correctement sa mission de service public ! ». Pour résoudre cette problématique, ECF avance plusieurs propositions comme le renforcement du quota d’heures supplémentaires des inspecteurs ou encore l’embauche de contractuels pour pallier provisoirement le manque de ces derniers. Des plaintes qui semblent avoir été entendues par le ministère de l’intérieur, qui a mis en place un recrutement exceptionnel de 88 inspecteurs pour cette année 2024, soit « le recrutement le plus important en nombre depuis quelques années ».

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