À Sciences Po Toulouse, le sexisme a la peau dure. De nombreuses élèves sont victimes d’agressions sexistes et sexuelles, de plus en plus révélées au grand jour. Si l’administration a annoncé prendre les choses en main, les avancées restent trop superficielles pour certains. 

« Je ne sais pas ce que vous allez devoir sucer mais ça devra être haut placé ». Cette phrase d’un professeur de Sciences Po Bordeaux est la preuve qu’il ne fait pas encore bon être une femme dans l’enseignement supérieur. Des témoignages de comportements sexistes tels que celui-ci sont compilés par dizaines sur la page Facebook “Paye ton IEP”, créée en 2016 par Anaëlle*, élève de Sciences Po Toulouse.

« J’ai voulu donner de la visibilité au sexisme à Sciences Po parce que je trouve ça insupportable. »

À Sciences Po Toulouse, une structure a été mise en place pour épauler les victimes d’agissements sexistes, racistes et discriminants. Le directeur de l’établissement Olivier Brossard a réaffirmé son engagement auprès des étudiants et membres de l’administration par mail. « La direction de Sciences Po est pleinement engagée dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes et contre les discriminations et ne saurait tolérer de tels actes et comportements. »

Des actions superficielles ?

Des avancées toutefois dénoncées comme trop superficielles par certains . « Il y a des initiatives mais c’est encore trop marginal », indique Lisa, membre de l’association féministe de Sciences Po Toulouse les « Sans Culottes ». Les membres dénoncent notamment le fait que l’administration de l’établissement est en majorité masculine. (ndlr: il s’agit des postes de la direction qui sont à majorité masculine)

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Le directeur de l’innovation sociale et de l’égalité Olivier Philippe le reconnaît,  il reste beaucoup à faire pour améliorer la structure censée proposer de l’aide aux victimes d’agissements sexistes. Six mois après sa création, une seule procédure pénale a été engagée : un signalement au procureur de la République a été déposé, mais les procédures ont finalement été abandonnées. « Nous savons que le fait que je sois un homme et en charge de la structure est problématique », ajoute-t-il.

Même son de cloche chez les élèves. Si les supporters ultras de l’établissement ont changé les paroles de leurs chansons pour en supprimer les termes sexistes et homophobes, dans les faits, les vieilles habitudes persistent.

Par Marie Toulgoat

*Prénom d’emprunt