Chaque année, la semaine de la presse se tient dans les établissements du primaire et du secondaire. L’édition 2021, sur le thème « s’informer pour mieux comprendre le monde », vient de s’achever. Retour sur les dispositifs mis en place pour éduquer les plus jeunes aux médias et à l’information. 

En théorie, l’éducation aux médias, c’est toute l’année« , lance Laurence Jannin, coordinatrice au Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI), à Toulouse. Organisme dépendant du ministère de l’Education nationale, il est un des opérateurs principaux de la mise en œuvre de l’éducation aux médias et à l’information dans les établissements scolaires.

Dans la ville rose, d’autres initiatives ayant la même vocation ont vu le jour. C’est le cas par exemple de l’association Apprenti Reporter d’Oc, fondée en 2018. Résultat du travail de deux journalistes, Armelle Parion et Maëlys Jean-Préau, leur crédo est “la pédagogie par l’action”. Plutôt que de mener de longues conférences, l’idée est de sensibiliser les plus jeunes aux médias et à l’information en leur proposant quelque chose de concret. Sous forme d’ateliers divisés en six séances de deux heures chacune, les deux journalistes accompagnent des classes de collégiens et lycéens dans la création d’un journal papier. Toucher à d’autres supports comme la radio, la télé ou le web est à l’étude; un JT a été expérimenté cette année dans deux collèges.

 

un exemple d’atelier proposé par l’association Apprenti Reporter d’Oc. / Crédit : Zoé Charef

 

Je pense qu’ils ont besoin de fabriquer par eux-mêmes pour pouvoir comprendre”, explique Armelle Parion. Des rôles sont donnés aux élèves afin “qu’ils connaissent autant le stress du bouclage que le côté collectif d’une conférence de rédaction”, précise-t-elle.
Intervenant avec des photographes, des graphistes et des dessinateurs de presse, les élèves apprennent à écrire un article, à faire une interview, puis à mettre en page un journal qu’ils illustrent eux-mêmes. “Les jeunes sont de plus en plus confrontés à une multitude d’informations, pas toujours sourcées”, explique Laurence Jannin. Le but est donc de permettre aux jeunes de se situer dans ce flux médiatique où les fausses informations et les “informations d’influences” (à but lucratif ou de propagande) sont omniprésentes.

 

Toucher le plus d’établissements possibles

Avec le CLEMI, “il y a l’idée de créer un réseau, de développer la formation par rapport aux enseignants”, détaille Laurence Jannin. En mobilisant des intervenants et des professionnels du monde médiatique, l’objectif est de former les professeurs pour qu’ils puissent inclure les médias à leur programme d’apprentissage.
D’un autre côté, l’association Apprenti Reporter d’Oc se rend directement dans les écoles en  utilisant ses propres ressources. Quant au CLEMI, il compte sur les ressources extérieures fournies par des experts des médias et de l’information pour faire vivre le centre. Ainsi, ces deux collectifs se complètent, puisque “l’association anime pas mal le réseau, et ils nous aident à faire connaître notre action”, précise Armelle.

Commençant par lancer des appels à candidature via les réseaux sociaux, pour se faire connaître, Armelle et Maëlys démarchent aujourd’hui les établissements. Certaines écoles reviennent et “le bouche à oreilles marche bien”, confie Armelle. Ne souhaitant pas s’agrandir pour le moment, le CLEMI  essaye d’initier le plus d’adolescents possibles en tournant chaque année entre différents bénéficiaires. Le parcours laïque et citoyen, proposé par le Conseil départemental, leur a également  permis de proposer leur action dans un catalogue adressé aux établissements. Par ce biais, l’institution finance à 100% l’atelier : il ne coûte rien à l’école, et permet à l’association de s’assurer financement et rémunération.

Apprivoiser les médias

A la fin, ils en ressortent plus acteurs que passifs« , remarque Armelle. En effet, les élèves n’ont généralement pas pleinement conscience de la réalité du monde médiatique actuel. “Dans les classes, ils n’ont souvent jamais lu de journal papier, parce que c’est trop passé. J’ai même l’impression qu’ils ne connaissent pas tous l’information à la télé”; la majorité d’entre eux s’informent en réalité sur les réseaux sociaux.

Armelle cherche aussi à changer la conception qu’ont les élèves du journalisme. Si beaucoup pensent que “les journalistes mentent”, nombreux sont aussi ceux en quête de vérification de l’information : “comment savoir qui dit la vérité ?” rapporte Armelle de ses expériences. Mais une fois la formation terminée, le résultat est toujours satisfaisant. “Ils sont sensibilisés à l’information, et en même temps, ils sortent du cadre scolaire et prennent plaisir à découvrir autres choses.” Armelle et Laurence s’accordent à dire que cet apprentissage permet avant tout de développer l’esprit critique des élèves face à l’information : “A la fin, le pari est gagné.

 

Co-écriture : Angélina Fourcault, Zoé Charef et Paul-Adrien Montacié

Photo à la Une : Une manifestation contre les médias