Depuis le mois de janvier 2020, le coronavirus se propage partout dans le monde et avec lui son lot de fausses informations et théories en tout genre. Des fake news qui trouvent une résonance sur les réseaux sociaux et touchent les plus « corona-sceptiques ».

« La décrue est engagée » annonçait le Premier ministre dans son discours du 28 avril 2020. Bien que le confinement ait montré ses effets sur le recul de l’épidémie, des signes de relâchement se ressentent ces derniers jours. Le mouvement des Gilets jaunes a pu révéler la facilité avec laquelle il est possible de propager de fausses informations… Aujourd’hui dans un océan de tweets, de posts facebook et de forums en tout genre, les réactions se font plus nombreuses sur la question du Covid-19, du confinement et des différentes annonces gouvernementale.
Depuis le début du mois d’avril le hashtag #StopConfinement a été par exemple utilisé à plus de 84 000 reprises sur Twitter. L’outil Keyhole a permis de mettre en évidence sur ces tweets les termes : vaccins, 5G, OMS, confinements … qui apparaissent clairement dans les tendances actuelles.

Source : Conspiracy Watch – Carte des fakes-news et théories autour du Covid-19

Derrière le hashtag #StopConfinement, des théories qui alimentent un mouvement rassemblant les plus « corona-sceptiques ». Un scepticisme face au coronavirus qui ne manque pas de révéler sur les réseaux sociaux une certaine défiance envers les élites. Une défiance représentative de la baisse de confiance des français notamment vis à vis du plan de déconfinement à venir : « Si l’exécutif n’engrange pas davantage de confiance en ce moment et reste si impopulaire, c’est parce que les deux-tiers des Français (65%) estiment qu’il ‘‘n’est pas à la hauteur de la situation’’ depuis le début de la crise sanitaire » indique le baromètre mensuel Odoxa-CGI, pour France inter, la Presse régionale et l’Express.

Sur Facebook, les groupes « radicaux » se multiplient au niveau local comme national. Cette radicalisation est marquée par un contre-discours révélateur d’influences. Se partagent vidéos, articles et images, pour la plupart non vérifiés, sur l’évolution de la situation sanitaire. Sur ces groupes, la majorité des posts pointent du doigt le gouvernement, dénonçant une manipulation des Français, une gestion catastrophique de la situation et un confinement injustifié. Partagés des dizaines de fois, les fausses informations résonnent et l’opinion se scinde. Le scepticisme s’installe, la conscience s’estompe et les responsabilités mises de côté.

« Ces amendes à 135€ c’est comme les radars, ce n’est que pour se faire du fric » – Utilisateur Facebook

Sortir au plus vite, voilà leur mot d’ordre. Le mouvement s’organise : à Toulouse comme partout ailleurs, l’événement se partage et le rendez-vous est fixé ; l’appel est lancé pour le 4 mai. « Manu plus tu vas nous tenir enfermés, plus la colère du peuple sera grande, alors arrête tes magouilles et lève le confinement » peut-on lire sur un post facebook.

Loin de l’organisation à la « Gilet Jaunes », la volonté d’un déconfinement précoce s’affiche clairement dans un nuage de photomontages parsemé de théories, de bashing et de contradictions : les justifications sont floues. Il s’agit pour ces militants du déconfinement de mettre à bas une « dictature lucrative » où l’intérêt économique prévaudrait sur la crise sanitaire. Pour la plupart, fervents partisans des théories du Professeur Didier Raoult, la fin de l’épidémie est bel est bien amorcée, pour d’autre l’épidémie est tout simplement inexistante, à quoi bon confiner ?

« Je le sais, j’ai lu, je t’assure que ce sont que des conneries, toutes ces mesures sont ridicules, il n’y a pas d’épidémie, c’est une invention de Macron pour balayer tout les mouvements sociaux qui l’embarrassaient. » nous confie Adèle, employée dans une chaîne de grande distribution.

Les réseaux sociaux, terreaux de la désinformation

Vous les utilisez quotidiennement, il est possible que vous ayez vu passer indirectement des informations fausses ou biaisées. Il s’agit évidemment des réseaux sociaux. Ils contribuent largement à la propagation d’informations et donc, à la possibilité de détournement de l’information originale et donc, de désinformation. Les photos et les vidéos qui circulent en masse sur les réseaux sociaux alimentant souvent des discours complotistes en tout genre, en particulier lors de situation exceptionnelle ou de crise. Dans ce pèle-mêle, des personnalités et des institutions sont ciblées par les anti-vaccins à l’instar de Bill Gates, Emmanuel Macron, l’OMS etc.

Source : Facebook – Citoyens Masqués 31

 

Depuis plusieurs mois, des photos et des vidéos circulent laissant penser que le coronavirus a été créé volontairement et breveté en 2003. Une hypothèse évidemment démentie, le document en question concerne l’épidémie de SARS-CoV qui avait sévi en 2002 comme le prouve cet article de nos confrères au Monde.

Selon un sondage réalisé par l’IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès et l’Observatoire du conspirationnisme, près de 26 % des Français pensent que le Covid-19 a été créé en laboratoire, 17%  pensent que c’était intentionnel, une tendance à la hausse (+ 40%) chez les sympathisants du RN.

La 5G à l’origine du Coronavirus ? Un vaccin déjà existant mais précieusement gardé pour en gonfler artificiellement le prix ? Ce sont autant de théories qui circulent sur les réseaux sociaux. Le dernier complot « à la mode » concerne le traçage de la population grâce à des micro-puces RFID. Un projet qui viserait à mettre en place un système de surveillance mondial. Des hypothèses farfelues mais très largement relayées dans un contre-discours accompagnant le hashtag #StopConfinement.

Un vaccin pour les fake-news ?

Si aucun vaccin n’est encore disponible pour ce virus, il en existe un certain nombre pour éviter la diffusion d’une contre-vérité. Afin d’en prévenir l’émergence, la valorisation des articles originaux est entres autres nécessaire. Les bases de donnés MedRxiv ou BioRxiv contiennent des rapports de recherches médicaux, clinique et des sciences de la santé connexes. Attention, ces pré publications sont des rapports préliminaires de travaux qui n’ont pas été certifiés par un examen par les pairs.

Les outils pour s’assurer de la véracité de l’information sont nombreux. Les Décodeurs du Monde, CheckNews chez Libération, Factuel à l’AFP sont autant d’outils permettant de pallier à la diffusion de fake-news. De plus en plus de rédaction mettent en place ces instruments de Fact-cheking.

Source : Le Monde Décodex, Libération CheckNews, FactCheck EU, AFP factuel

La question du référencement est prise au sérieux par les dirigeants de la firme Google travaillant actuellement avec l’OMS. Afin de lutter contre la désinformation autour du coronavirus, le moteur de recherche affichera en tête les résultats de l’OMS lors de recherches liées au virus. Des mesures ont également été prises par Facebook et Twitter en mettant l’accent sur la modération du contenu. Cette initiative a néanmoins suscitant de vives débats accusant notamment d’avoir favorisé indirectement l’élection de Donald Trump en faisant fuiter de fausses informations et en aidant à la propagation de contenus allant dans le sens du discours de l’actuel président des États-Unis.  Cette approche collaborative questionne l’impartialité des réseaux sociaux dans le traitement de l’information et son audience visée.

 

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