En ces temps de confinement, la période est difficile pour tout le monde. Le monde du sport est particulièrement impacté. Annulations ou suspensions de compétitions en séries rythment l’actualité sportive des dernières semaines. Pour faire face à ce vide, quoi de mieux que de se replonger dans les archives et dépoussiérer les exploits sportifs du passé. Univers Cités, vous propose chaque jour de revenir sur un événement ayant marqué l’histoire du sport.

Le 15 avril 1989, Liverpool FC fait face à Nottingham Forest en demi-finale de la FA Cup au stade d’Hillsborough à Sheffield, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Mais le match n’a pas duré très longtemps. Il y a foule dans les tribunes, bien plus que ce que peut accueillir le stade. Mais malheureusement, ce jour-là, les Anglais n’ont pas célébré un match, mais pleuré la mort des 96 personnes qui furent pressées contre les grilles par les mouvements de foule. Le lendemain, l’Angleterre est en deuil, et ce encore 30 ans après.

 

Une foule non maîtrisée

Cette demi-finale opposant Liverpool FC à Nottingham Forest était un match clé de la FA Cup. Le stade attendait donc de nombreux supporters, mais ils étaient tout de même loin de s’imaginer que plus de 54 000 personnes se tiendraient présentes pour cette rencontre. Jusqu’à 14h environ, les supporters arrivèrent de manière régulière et tranquille. Mais les choses se sont compliquées à partir de 14h20 environ : le nombre d’entrées se multiplia d’un coup. Cette arrivée massive fut causée par les nombreux embouteillages et contrôles de police sur la route, ce qui les avait retardés. C’est donc un nombre inhabituel de supporters qui arrivèrent en même temps. Une situation prenant au dépourvu le staff du stade mais aussi les couloirs d’entrée trop étroits. La pression commençait à monter. L’entrée des supporters devint ingérable, à tel point qu’aucun comptage des places ne pouvait être effectué.

La tragédie d’Hillsborough en couverture de Paris Match n°2083, 27 avril 1989. © Paris Match

A 15h, coup d’envoi de cette demi-finale. Demi-finale qui ne dura seulement que 6 min. Les tensions dans les tribunes ne cessaient de grandir, cela devenait ingérable. Alors la police sur place décida d’ouvrir une porte pour laisser la foule se disperser. Mais un nouvel attroupement tente alors d’entrer dans le stadium, aggravant la situation.  La pression augmenta et certaines personnes commencèrent à étouffer au sein de cette masse humaine. D’autres écrasés contre les grilles qui délimitaient les tribunes ne tenaient plus debout. 15h06, le match prend fin. Sur le terrain, personne ne s’était rendu compte de ce qui se passait dans les coulisses jusqu’à que de nombreux supporters escaladèrent les grilles pour sortir de cette catastrophe. Ils gagnèrent le terrain pour interpeller les joueurs sur la situation des tribunes. Retour au vestiaire pour les deux équipes et reprise de leur souffle pour les supporters. Bilan : 766 blessés et de nombreux cas d’asphyxie mais aussi un triste nombre de décès. 96 personnes ont perdu la vie sur le coup.

 

Des dénonciations déplacées

Les réactions à chauds des forces de l’ordre présentes sur place vont rapidement influer sur le traitement médiatique de cette tragédie. En effet, la police a immédiatement tenu les supporters pour responsable, tout en pointant plus particulièrement du doigt les hooligans. Ce scénario est alors dès le lendemain rabâché aux oreilles de Liverpool par la cheffe du gouvernement Margaret Thatcher tout comme les tabloïds. Mais les accusations dans la presse allaient loin, allant jusqu’à déformer la réalité du 15 avril. Tout cela pour cacher les nombreux défauts que possédait ce stade et qui allaient à l’encontre des règles de sécurité. Les tribunes ne possédaient pas de places assises ce qui limitait les chances de pouvoir comptabiliser les entrées. De plus les grilles installées dans un premier temps contre le hooliganisme sont devenus les portes de prisons des supporters ce jour-là.

Hillsborough Memorial à la mémoire des 96 victimes de la catastrophe de Hillsborough.

Mais désigner les supporters comme responsables permettait aussi de camoufler les erreurs commises par les autorités sur place. Des erreurs qui n’ont été reconnues publiquement qu’en 2012 lorsque le Premier ministre David Cameron a présenté ses excuses. Mais surtout suite à la publication d’un rapport réalisé par une commission indépendante. Il accabla la police et reconnu la responsabilité de cette dernière dans la catastrophe. Le commissaire de la police en date présent le 15 avril, David Duckenfield, a d’ailleurs démenti durant de nombreuses années l’ordre donné pour l’ouverture de la porte en dernier instant. Une décision qui fut l’un des principaux facteurs de la tragédie. 30 ans plus tard, le procès ne semble toujours pas soulager la peine de Liverpool. Dans le cadre du procès pour homicide involontaire par négligence grave de David Duckenfield, le jury n’est pas parvenu à trancher sur son sort.

Cette tragédie d’Hillsboroug est alors un des pires souvenirs de l’histoire du football britannique mais aussi de l’histoire du sport. Le club du Liverpool FC en est marqué à vie et rend hommage aux victimes chaque année, comme leurs nombreux supporters. Cette tragédie a tout de même permis de conduire l’Europe à déterminer de nouvelles règles de sécurité dans les stades de football. La présence de places assises est désormais obligatoire et les grilles entre les tribunes et la pelouse ont été supprimées.