En ces temps de confinement, la période est difficile pour tout le monde. Le monde du sport est particulièrement impacté. Annulations ou suspensions de compétitions en séries rythment l’actualité sportive des dernières semaines. Pour faire face à ce vide, quoi de mieux que de se replonger dans les archives et dépoussiérer les exploits sportifs du passé. Univers Cités, vous propose chaque jour de revenir sur un événement ayant marqué l’histoire du sport.

Désormais trois semaines que les compétitions sportives ont pris fin à cause de la crise sanitaire du coronavirus. Vous trouvez cela interminable ? Alors, nous vous laissons imaginer ce que les fans américains de baseball ont vécu entre 1994 et 1995, en patientant 232 jours avant de revoir un match de leur sport favori aux Etats Unis. La raison ? Une grève des joueurs professionnels pour des questions de gros sous. 

Alors que la convention collective liant les deux Ligues majeures du pays à l’Association des joueurs arrivait à son terme au terme de l’année 1993, les négociations pour arriver à une nouvelle convention s’annonçaient mauvaises. En cause, un désaccord de fond sur une question de fonds. Les propriétaires des franchises (clubs) de baseball demandaient aux joueurs de faire des efforts pour endiguer la baisse des finances du baseball américain : partage des droits télévisés mais surtout la mise en place d’un plafond salarial. Ce à quoi les joueurs et leur syndicat se sont fermement opposés. 

Mécontente de l’échec des négociations, l’Association des joueurs de baseball déclencha une grève à partir du 12 août 1994. Les négociations continuèrent, mais leur verdict resta le même durant des semaines, puis des mois. Si bien que la saison 1994-95 dut être intégralement annulée par les Ligues dès le mois de septembre. Une lourde décision qui a fait perdre, selon les estimations, 230 millions de dollars pour les joueurs mais surtout 580 millions de dollars aux propriétaires. 

Une saison entière annulée, un président Clinton obligé d’intervenir

La non-avancée des négociations durant des mois devenait dramatique pour tout le monde, et surtout pour les amoureux de la batte en bois. Un blocage tel qu’il suscita l’intervention du président des Etats-Unis, Bill Clinton en personne, pour ordonner aux parties de trouver une solution. 

Le 29 mars 1995, les joueurs professionnels se prononcèrent en faveur d’un retour aux terrains, portant plainte au passage contre les propriétaires de franchises. Durant l’hiver, ceux-ci avaient décidé sans l’accord des joueurs l’instauration du plafond salarial qu’ils souhaitaient depuis le début. La justice donna raison aux joueurs le 2 avril 1995, et le jeu put reprendre.

La grève de 1994-1995 aura donc duré plus de 9 mois, constituant la plus longue grève du sport américain de l’histoire. Elle causa de lourdes pertes financières mais également le creusement d’un fossé entre les sportifs et leur public sur le long terme. Les premiers matchs post-grève eurent lieu à la fin du mois avril. Le 25 du mois, à New-York, des fans entrèrent sur le terrain avec des t-shirts floqués « cupidité » et distribuèrent aux joueurs présents plus de 150$ en billet de un dollar. Les affluences et audiences de télévision restèrent en chute libre le reste de la saison.