En ces temps de confinement, la période est difficile pour tout le monde. Le monde du sport est particulièrement impacté. Annulations ou suspensions de compétitions en séries rythment l’actualité sportive des dernières semaines. Pour faire face à ce vide, quoi de mieux que de se replonger dans les archives et dépoussiérer les exploits sportifs du passé. Univers Cités, vous propose chaque jour de revenir sur un événement ayant marqué l’histoire du sport.
Athlète mais aussi artiste, Katarina Witt mérite bien son surnom de « Katarina the great ». En effet, à chaque coup de lame sur la glace, elle faisait avancer d’un grand pas sa discipline vers l’ère moderne. Chacune de ses tenues, chacun de ses enchainements, chacun de ses thèmes étaient attendus avec impatience et faisaient parler d’elle. Le 26 mars 1988, en réalisant le doublé titre olympique et titre mondial, la performance de Katarina Witt a de nouveau marqué une grande étape dans sa carrière tout comme dans l’histoire du patinage artistique.
Après avoir grimpé à la première place du podium aux Jeux Olympiques d’hiver à Calgary (Canada), en février 1988, Katarina Witt est arrivée aux Championnats du monde de patinage artistique en tant que favorite. C’est à Budapest, du 22 au 27 mars de la même année que des patineurs du monde entier se sont donc affrontés. Mais Katarina Witt a su de nouveau s’imposer. Elle remporta avec brio et charme la médaille d’or.
Mais ce jour-là, elle a aussi marqué les esprits par la longueur de ses jupes. Sur la musique de « Jerry’s Girl », la jeune patineuse s’avance sur la glace pour un programme court où elle incarne une danseuse de music-hall. Son costume est éblouissant mais pas aux yeux des juges. Portant un justaucorps bleu électrique orné de plumes, sa tenue est bien trop échancrée pour eux. À tel point qu’une nouvelle règle sera instaurée : les patineuses eurent l’obligation de porter une jupe couvrant le bas du corps. Une règle qui s’intitulera la « Katarina Rule ». Mais ce n’est pas cela qui freinera la patineuse. Pour son programme d’exhibition, c’est dans un justaucorps bien plus échancré et avec un perfecto en cuir orné de strass qu’elle s’exécutera sur la musique « Bad » de Michael Jackson.
Mais qui était-elle ? Originaire de la République Démocratique Allemande (RDA), Katarina Witt était devenue un symbole pour son pays en pleine période de guerre froide. C’est à son plus jeune âge, dans les alentours de ses 5 ans, qu’elle enfile pour la première fois des patins. Peu de temps lui suffira pour se faire remarquer. Elle rejoint alors une école spéciale pour jeunes espoirs sportifs à Karl-Marx-Stadt (Chemnitz). C’est là qu’elle rencontra un entraîneur renommé qui deviendra son mentor pour l’ensemble de sa carrière, Jutta Müller. Mais alors qu’elle représente à chacune de ses compétitions la RDA, elle soulève la curiosité du public. La RDA était vue comme ce pays « gris » et à l’arrêt, tandis que Katarina Witt paraissait libre et désinvolte. C’est aussi pour cela qu’elle est devenue une icône repoussant les limites du patinage en matière d’esthétique et de féminisme.
Nul ne pouvait donc rivaliser. La patineuse a dominé son sport durant 7 belles années, comme le dévoile son impressionnant palmarès : quatre fois championne du monde, deux médailles d’Or Olympiques (1984 et 1988) ou encore six fois championne d’Europe. Katarina Witt aura donc bel et bien marqué l’histoire du patinage artistique mais aussi du sport allemand. À tel point qu’elle fut la première femme titrée « Légende du sport » en Allemagne, le 5 Novembre 2011.