L’aviron s’est longtemps pratiqué uniquement au sein des clubs. Un « entre-soi » sportif aimerait à le décrire Pierre Bourdieu, sociologue. Par bien des aspects, la rame se développe et s’exporte : entreprises, scolaires jusqu’aux prisons. L’activité physique sur les campus reste toutefois en France, assez faiblement développée. Alors que nos voisins Allemands ou Anglais font de l’aviron leur sport universitaire roi. La régate entre Oxford et Cambridge est mondialement célèbre. Qu’en est-il chez nous ?

Tous les ans, les Universités voient défiler des milliers de compétiteurs, athlètes universitaires ou non, sportifs de haut niveau ou pas. Le sport dans les études supérieures est très prisé, pourtant le nombre de licenciés évolue peu dans les établissements. Mais alors comment ça marche ?  Retour sur les bancs de la faculté. Dossier.

Les Universités françaises proposent à leurs étudiants de pratiquer le sport, en loisir ou compétition. Dans tous les cas, c’est sous le commandement de la Fédération Française des Sports Universitaires (FFSU) que sont proposées les différentes activités ou compétitions universitaires. Futur(e)s médecins, agronomes ou juristes, les étudiants ont le choix entre un panel d’activités sportives. L’aviron est présent dans certaines facultés. A Toulouse, l’Université Paul Sabatier compte « 264 sportifs de haut niveau dont nous sommes très fiers » mentionne Christine Bounhouret, Secrétaire au Service des sports. La Fac Paul Sabatier compte au total 1 500 licenciés FFSU pour quelques 31 723 étudiants en 2017. C’est très peu ! Pourtant ça ne veut pas dire que les élèves ne font pas de sport, ils ne pratiquent seulement pas dans le cadre universitaire dans la majorité des cas.

Ils étaient près de 150 sportifs à participer à la remise des prix de l’Université, à Toulouse, en Janvier dernier. Parmi les champions, des rameurs, une quinzaine au total. L’Université comptait trois embarcations engagées aux derniers Championnats de France universitaires. En tout, dix rameurs de la faculté étaient engagés sur la compétition. Les médailles étaient au rendez-vous pour six d’entre eux. Le double de couple emmené par Léa Rabinowitch et Aloma Blanch Granada, est médaillé de bronze. Chez les hommes, le quatre de couple masculin termine vice-champion de France (équipage : Quemener, Gaillac, Rubio, Givert).

Le plan d’eau de la Garona Cup, Photo : TP

Pour pratiquer l’aviron, les Universités ont des partenariats avec les clubs. « Elles n’ont pas les moyens d’avoir des bateaux ou de construire des bases nautiques » mentionne Gilles Purier, le Directeur technique national adjoint en charge du développement de la Fédération Française d’Aviron (FFA). La pratique de l’aviron en Universitaire se résume donc à une question de moyens. La FFA aide bien entendu à l’organisation des Championnats universitaires, au développement de la discipline avec la « licence U », mais c’est réellement la FFSU qui coordonne les politiques de développement. « L’intérêt pour notre discipline est la pratique de la rame et faire parler des clubs, les rendre vivants » explique Gilles Purier.

A l’Université Paul Sabatier, le Pôle Espoirs de Toulouse joue un rôle moteur dans la dynamique sportive de la faculté. C’est du Pôle que viennent les champions universitaires. Pas ou peu de place pour les amateurs. Pour François Meurillon, Entraîneur national et Directeur du Pôle toulousain, « c’est un championnat où les étudiants en double projet s’amusent ». Dans la majorité des cas, les CREPS ou les Pôles Espoirs chapeautent les Championnats Universitaires. En effet, les athlètes lient sport à haut niveau et études en accord avec l’Université. Ils bénéficient d’emplois du temps aménagés afin de ramer et étudier à coté. Tout est fait pour produire des champions. Le Pôle fournit les embarcations le plus souvent. Les déplacements sont au frais de l’Université et de la FFSU.

L’AVIRON UNIVERSITAIRE ANGLAIS, UN MODELE ?

Bien sûr lorsqu’on évoque l’aviron universitaire, comment ne pas songer aux régates anglaises ? A la pratique de la rame dans les facultés allemandes ou espagnoles ? La France est très loin de ces modèles alors que l’aviron dans les établissements permet d’amener esprit d’équipe, cohésion et endurance pour les futurs diplômés. Gilles Purier explique « l’organisation de l’Université française complexifie la pratique du sport. Les systèmes sont totalement différents. On n’aura jamais d’équivalence avec toutes les bonnes volontés du monde en France. » L’Université française est donc une exception culturelle en sorte.

Pourtant la FFA souhaite développer de nouvelles manifestations universitaires. Actuellement, il n’y a pas de programmes de développement sur les publics FFSU. Une nouvelle épreuve devrait voire le jour, détaille Gilles Purier, « notamment une course longue distance en 2020 pour les Universitaires, entre 6 000 et 10 000 mètres comme ça peut se dérouler en Grande Bretagne. Ça serait ouvert aux clubs français et universitaires, en 8+ et 4x. » L’image est bien sûr la Tête de rivière de Londres, rendue célèbre par les équipages universitaires qui y concourent tous les ans au mois de Mars. Une nouvelle épreuve qui viendrait compléter le Championnat de France universitaire, la Coupe de France aviron de mer, et la Coupe de France ergomètres.

AVIRON UNSS, COLLEGE ET LYCEE

Au contraire du sport universitaire, l’UNSS pratiqué en collèges et lycées a connu un réel regain ces dernières années. Philippe Dekeyser, Directeur des sports UNSS, explique que l’aviron se développe fortement pour les élèves du secondaire. « On est passé de 2 000 rameurs scolaires il y a dix ans, à 10 000 aujourd’hui. » La Fédération française d’aviron a lancé depuis quelques années des politiques afin d’attirer les scolaires vers les clubs nautiques. La politique « Rame en 5ie » ou l’INDOOR ont rencontré un fort succès dans les collèges. Plus de 400 professeurs de collèges ou lycées donnent des cours de rame à des scolaires, au coté des professionnels de l’aviron. Succès.

La pratique de l’aviron au sein des universités françaises reste à développer. C’est ce que la FFA semble vouloir mettre en œuvre, comme pour l’aviron UNSS, avec le développement de nouvelles compétitions aux cotés de la FFSU. Un manque de visibilité et une méconnaissance de l’aviron, conduisent souvent les étudiants à se tourner vers d’autres sports. Etudiants motivez-vous, votre université propose surement l’aviron comme sport. Il ne vous reste plus qu’à prendre les rames.