Champion de France des 100 km marche en Seine-et-Marne le 6 octobre 2013 en 8h et 50 minutes, l’athlète vit son sport comme une « quête héroïque » 24h/24. Son rêve : être champion olympique de marche à Rio en 2016. Portrait.
Il n’a que faire de la souffrance. « Cette victoire, c’est une ligne de plus à mon palmarès ». A 26 ans, le Toulousain Bertrand Moulinet est devenu champion de France des 100 km marche le dimanche 6 octobre en Seine-et-Marne en 8 heures 50 minutes et 20 secondes d’effort continu, en dessous de l’ancien record de France : coup double. Pourtant, le jeune champion, 8e sur 20 km et 12e sur 50 km aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, analyse son résultat avec beaucoup d’humilité : « C’est une satisfaction d’avoir terminé le 100 km, car tu sais que tu vas souffrir » confie-t-il.
Marcher, une affaire de Moulinet
Mais pourquoi la marche, une discipline boudée des médias et du grand public ? « Pour moi, la marche, c’est d’abord la discipline d’endurance par excellence. Ça devrait être la première et c’est la plus simple » philosophe l’athlète, policier le reste de son temps. Il ajoute : « 100 km, c’est comme si tu reliais deux villes : c’est être son propre véhicule ».
Depuis tout jeune, ce sportif atypique s’est refusé à faire de l’athlétisme en tant que tel : seulement de la marche. Enfant et adolescent, il fait dix ans de cyclisme. Lorsqu’il arrête le vélo, l’envie le prend de suivre les pas de son père marcheur, Alain Moulinet, recordman du 100 km dans les années 1970, qui tentera de le dissuader, en vain.
« Le sport, c’est une quête héroïque. La marche, les distances, tout ça me fascine ». Sa jeunesse est marquée par les grands sportifs des disciplines qu’il a pratiquées : du vélo à la marche. « Tout le monde grandit en s’inspirant de quelqu’un : les grands cyclistes ou les marcheurs russes. C’est surtout par rapport au palmarès : des Vinokourov, des Armstrong, etc » énumère ce licencié du club d’athlétisme d’Amiens.
Objectif Rio
Après quelques années à l’école de police de Nîmes où il rentre en 2005, une affectation à la police des frontières de Menton dans les Alpes-Maritimes, le voilà de retour à Toulouse, désormais en plein préparation des Jeux olympiques de Rio en 2016. « Comme tous les sportifs, j’ai pour objectif les jeux de Rio dans trois ans. Je ferai le 20 km si je me qualifie » annonce-t-il.
Le Toulousain a d’ailleurs toutes ses chances, tant il est passé si près du but l’année dernière à Londres. Sa 8e place n’est d’ailleurs « ni une surprise, ni une déception » affirme-t-il. Et de poursuivre : « Ça correspondait à ma valeur. Même si j’avais le niveau, tout s’est bien passé : l’objectif était de rentrer dans les 8 premiers ».
Pour appréhender au mieux les jeux et les grandes compétitions, marcher est quasiment son activité à temps complet. « J’y arrive car la police m’accorde un détachement à 70 %. Je travaille d’octobre à décembre » confie Bertrand Moulinet. Un mode de vie à part entière qui lui prend 24h sur 24, avec minimum 140 km de marche par semaine – soit 14h de marche – et jusqu’à 230 km au printemps en plus des séances de musculation, de kiné ou de repos. Une vie de marcheur qu’il rêverait de voir récompensée aux J.O.