Les assistantes maternelles toulousaines sont vent debout contre le projet de réforme de l’assurance chômage en discussion entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Celui-ci prévoit la réduction des indemnités que les travailleuses perçoivent lorsqu’elles perdent la garde d’un enfant. Une réforme qui précariserait les salariées. 

Samedi 2 février, au cours de l’acte XII des manifestations des Gilets jaunes, une nouvelle couleur a fait son apparition dans les rues toulousaines. Après les Gilets verts des manifestants écologistes, ou les Gilets bleus et jaunes des observateurs des violences policières, c’était au tour des assistantes maternelles et de leurs chasubles roses de battre le pavé.

Leurs revendications : protester contre la réforme de l’Unedic (association de service public chargée de la gestion de l’assurance chômage) souhaitée par le gouvernement. Le texte prévoit de limiter dans le temps ou de réduire les indemnités chômage pour les salariés et salariées multi-emplois, comme c’est le cas pour les assistantes maternelles. Celles-ci sont en effet employées par les parents et peuvent cumuler quatre contrats au maximum.

Une perte significative de revenus

Pour les travailleuses, cette mesure risquerait grandement de les précariser, en réduisant une source indispensable de revenus. Les indemnités chômage leur permettent en effet de compléter leur salaire dans le cas où elles perdent la garde d’un enfant, et en attendant de retrouver un nouveau contrat.

« Pour les enfants que l’on garde depuis moins d’un an, le délai de préavis pour que les parents puissent retirer leurs enfants de notre garde est de quinze jours seulement. Du jour au lendemain, on se retrouve avec un contrat et un quart de notre revenu en moins », explique Coralie, assistante maternelle dans le quartier des Minimes à Toulouse.

Nathalie, également assistante maternelle dans la Ville rose, étaye cet avis.

« Pour nous, cette réforme, ce serait un gros problème. Nous avons déjà un emploi précaire, puisque les enfants ne restent pas chez nous plus de trois ans. Si les parents déménagent ou qu’une place en crèche se libère, on perd un contrat. On doit être constamment sur la brèche pour retrouver un employeur ».

Selon un rapport de l’Unedic au second trimestre de 2015, les assistantes maternelles toucheraient en moyenne 1400 euros par mois. Parmi 158 620 assistantes qui exerçaient alors en France, un tiers environ s’appuyait à la fois sur leur revenu et l’indemnité chômage pour vivre. Un complément bienvenu dont la minoration représenterait une perte importante de revenus, de l’ordre de 30 à 300 euros par mois.

« Sans cette bouée de sauvetage, on ne pourrait pas tenir longtemps et beaucoup de personnes ne voudront pas continuer à exercer ce métier », continue Nathalie.

« On est payées quatre euros de l’heure par enfant. Quel employé est payé quatre euros de l’heure aujourd’hui ? Il faut voir la précarité de notre emploi, cette réforme serait catastrophique pour nous ».

« Ceux qui ont écrit cette réforme n’ont jamais travaillé comme assistants maternels »

Le texte qui prévoit la réforme, toujours en discussion entre le gouvernement et les partenaires sociaux jusqu’au 22 février 2019, a pour but « d’inciter davantage les personnes à privilégier les revenus d’activité ». Un non-sens pour Coralie, qui en plus de son propre salaire doit payer les charges de la Maison des assistantes maternelles (MAM) qu’elle gère avec des collègues.

« Ça se voit que ceux qui ont écrit cette réforme n’ont jamais travaillé comme assistants maternels. On nous supprime des droits », regrette-t-elle.

Les syndicats nationaux s’insurgent de ce projet de réforme. En plus de l’appel à manifester de la CGT, Force ouvrière a dénoncé le texte en discussion. « [Le syndicat] s’insurge contre cette proposition de la ministre du Travail. Il est scandaleux de vouloir ôter le peu que les assistantes maternelles pouvaient percevoir de l’allocation chômage, au regard de leur salaire et de leur difficulté à trouver un emploi », peut-t-on lire sur le site internet du syndicat.

Force ouvrière a par ailleurs lancé une pétition pour protester contre la suppression de l’indemnisation pour activité réduite des assistantes maternelles, qui a récolté plus de 60 000 signatures le mardi 5 février.