“Parcoursup largement refusé”, “l’algorithme ubuesque de Parcoursup”, “il faut absolument fluidifier  Parcoursup”… Autant de titres de presse alarmants et critiques à l’égard de la nouvelle plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur. Un an après le lancement de ce nouveau système d’orientation, et à l’aube de son ouverture pour sa deuxième année, ParcourSup est-il si imparfait que ça ?

Lancée en 2017, la plateforme nationale d’admission dans l’enseignement supérieur s’apprête à faire sa deuxième rentrée scolaire d’ici deux mois. Elle a succédé à Admission Post-Bac (APB). Elle permet aux terminales, mais également aux étudiants en réorientation, de s’inscrire, de faire part de leurs voeux d’orientation, et ensuite répondre aux propositions d’admission. Selon la Conférence des Grandes Écoles, la plateforme regroupe 13 000 formations. 9 000 n’y sont pas encore, comme les Instituts d’Études Politiques, qui possèdent leurs propres moyens de recrutement.

Conçu pour supprimer le tirage au sort dans les filières les plus demandées, Parcoursup a finalement instauré un classement des dossiers dans toutes les licences. Autre changement par rapport à APB, les élèves ne hiérarchisent plus leurs voeux. Alors qu’auparavant on ne leur faisait qu’une proposition d’admission, désormais ils peuvent choisir parmi celles qui leurs sont faites.

Des étudiants et parents mitigés

La Conférence des Grandes Ecoles a réalisé une enquête en février 2018 auprès de terminales et de parents pour connaître leurs avis sur Parcoursup. La plateforme a reçu la note de 3,2 / 5 par les élèves et de 3,15 / 5 par les parents. Pour ces derniers, le changement le plus pertinent est l’étude personnalisée des dossiers des élèves, suivie de la fin du tirage au sort. Les lycéens ont, quant à eux, apprécié de ne plus hiérarchiser leurs voeux.

Digischool a mené une étude à la même période sur des terminales, qui montre que 62% des élèves qualifient l’utilisation de la plateforme de simple. Un bilan plutôt positif, qui ne mériterait pas de s’alarmer. Cependant, selon la même étude, 75% des terminales se disent stressés face à la procédure Parcoursup à cause de la nouveauté du dispositif. Une “’impression d’être des cobayes” revient souvent. La rédaction d’une lettre de motivation pour leur projet de formation, une innovation, semble être également une source d’inquiétude pour les élèves. 53% affirment que c’est l’étape la plus compliquée. Enfin, le gros point négatif est le manque d’accompagnement des élèves face à cette nouvelle plateforme : un terminale sur deux se serait connecté seul sur le site la première fois, et 41% des élèves estiment ne pas être suffisamment accompagnés par les professeurs dans ce flou de l’orientation.

Voir par ailleurs : l’interview de Norbert Barthen, professeur principal

Des élèves sans affectation

Le rectorat note une hausse de 3,2% des voeux par rapport à 2017, ce qui pousse à penser que Parcoursup inciterait les élèves à formuler davantage de souhaits.

 

Parmi les lycéens de l’Académie qui ont confirmé au moins un voeu, on compte 60% de bacheliers généraux, 22% de bacheliers technologiques et 18% de bacheliers professionnels. Concernant les voeux validés, ils l’ont été à 77% par des lycéens, à 14% par des étudiants en voie de réorientation et à 9% par les autres.

Le nombre d’étudiants sans formation semble à peu près stable d’APB à ParcourSup, selon les chiffres du rectorat. Pourtant, pour Adrien Lienard, secrétaire général du syndicat UNEF Toulouse-Occitanie, plus de 1 000 bacheliers de l’Académie de Toulouse auraient saisi fin août la commission d’accès à l’enseignement supérieur, faute d’acceptation. Ce chiffre serait en réalité encore plus important, puisque “des étudiants ont eu des difficultés d’inscription à l’université au sein de l’Académie, mais n’ont pas passé leur bac ici et donc ne sont pas comptabilisés dans les 1 000”.

“Si APB était loin d’être parfait” pour le syndicat, et qu’il ne “s’est jamais privé de critiquer cette plateforme, ParcourSup légalise la sélection à l’entrée de l’université”.

ParcourSup 2.0

Conscient des nombreux problèmes qu’a posé ParcourSup pour sa première rentrée, le ministère de l’Enseignement Supérieur propose des changements pour la version 2019. Première modification, la phase principale s’achèvera fin juillet “au plus tard” au lieu du 5 septembre cette année. Certaines épreuves du baccalauréat pourraient aussi être prises en compte dans le dossier pour ParcourSup. L’anonymisation des candidatures a également été évoquée, sans pour autant être sûre d’être effective pour cette session. Le ministère souhaite enfin faciliter la mobilité des étudiants. Les quotas de bacheliers hors académie devraient donc être revus à la hausse. Autant de changements qui font penser, ou du moins espérer, que moins d’étudiants seront laissés sur le carreau à la rentrée prochaine.

Léane Burtier