Entre bagarres, violences physiques et verbales, port d’armes et incivilités à répétition, le personnel du Lycée Professionnel et Technologique Joseph Gallieni de Toulouse ne supporte plus la situation déplorable dans laquelle il se trouve aujourd’hui. Face aux multiples alertes lancées par l’équipe d’enseignants, le ministre de l’Éducation, M.Blanquer a réagi publiquement ce mercredi 31 janvier. Retour sur les événements qui ont conduit à cet état de crise.
Dans L’Express cette semaine, le personnel du Lycée Professionnel et Technologique Joseph Galliéni fait la une. Le gros titre « La République nous abandonne », interpelle. Au fil des pages, c’est un ‘’ras-le-bol’’ que les professeurs expriment vis-à-vis des violences physiques et verbales qu’ils subissent au quotidien, et une direction qui ferme les yeux sur le vécu du personnel face à ces débordements. Une situation « inacceptable » a déclaré le ministre de l’Éducation M. Blanquer, interrogé sur le dossier lors d’une interview à Europe 1 ce mercredi 31 Janvier 2018. Selon lui, il s’agit d’ « une petite minorité conséquente qui a fait la loi [ … ] Désormais la règle sera le principe ».
« C’est une situation inacceptable et elle va évidemment changer » affirme M.Blanquer, ministre de l’Éducation sur Europe 1 le 31 janvier 2018
En effet, des solutions devraient, dans les prochains jours, être apportées à la situation explosive dans laquelle se trouve aujourd’hui le lycée. Dans un premier temps, M. Blanquer a notamment évoqué l’envoi d’ « un personnel expérimenté sur le terrain pour remplacer la direction». Comme le rappelle le ministre, il s’agit là « d’un sujet structurel », avant d’ajouter « les problèmes prennent racines dans des choses bien antérieures. »
Lycée Gallieni de Toulouse : « J’ai reçu un rapport avant-hier qui m’a scandalisé. Dès aujourd’hui, j’envoie un personnel de direction expérimenté », annonce @jmblanquer sur @Europe1#E1Matin pic.twitter.com/bqe7rCv86H
— Europe 1 (@Europe1) 31 janvier 2018
Des conditions de travail insoutenables
Pourtant, à l’annonce du Ministre, les principaux concernés ne sont pas convaincus de l’efficacité des mesures à venir. A l’image d’un des représentants syndicaux des professeurs du lycée : « à moins que le ministre nous envoie le magicien d’Oz cela ne changera rien. Il explique « les problèmes que nous rencontrons ne sont pas juste liés au non respect du règlement ».
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La situation au sein du lycée ne cesse de se dégrader depuis plusieurs années. En mars 2015, deux lycéens sont portés disparus et recherchés par la police. Alors que la scolarité cherche à comprendre la raison de l’absence d’un des deux jeunes hommes, la famille déclare qu’ « il [est] probablement parti faire le Djihad’’ selon les propos recueillis par nos confrères de 20 minutes.
Un cas exceptionnel, cependant révélateur du manque de moyens mis en place face aux difficultés que rencontre l’établissement à offrir un cadre de travail épanouissant pour les élèves et les professeurs. Virginie, professeure de lettres et histoire témoigne ce mois-ci pour La Dépêche : « À une prérentrée, un collègue a demandé à la police de connaître les élèves qui ont un casier judiciaire et le policier lui a répondu qu’il ne préférait pas lui donner ces informations, pensant qu’on aurait peur de rentrer dans certaines classes ».
« On fait tout pour que la poudrière explose », témoigne Virginie, professeure de lettres et histoire au lycée Gallieni, Toulouse
Des conditions de travail qui pèsent sur le moral des enseignants et les empêchent de travailler convenablement. Toujours selon cette professeure de lettres et histoire, parmi les 1000 élèves du lycée, « les profils sont très particuliers ». Elle poursuit « Certains sont très volontaires, mais on a aussi une minorité qui relève de structures spécialisées, médicales, ou relatives à la justice : des élèves qui sortent de prison, qui viennent en cours avec le bracelet électronique, d’autres qui ont un casier judiciaire assez fourni qu’on nous demande d’intégrer ». Selon elle, « On fait tout pour que la poudrière explose ».
Vendredi 19 janvier, un nouvel incident conforte le personnel dans sa colère alors qu’un élève provoque un départ de feu aux abords du lycée. Les bâtiments sont évacués pendant plus d’une heure le temps que les pompiers confirment l’absence de danger. Au total, les dégradations des locaux se chiffreraient à 47 000 euros rien que pour cette année selon certains professeurs.
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Les enseignants mobilisés depuis un mois
Faisant suite à la répétition d’incidents ayant eu lieu dans l’enceinte du lycée avant les vacances de Noël, la mobilisation des enseignants reprend dès la rentrée, le 8 janvier 2018. Devant le lycée Joseph Gallieni, « une soixantaine d’enseignants » de l’établissement (soit près de la moitié des effectifs) se réunissent pour lancer « un appel au secours » et réclamer un « plan Marshall ». Pendant près d’une semaine, la suspension des cours permet d’ouvrir la parole dans le cadre d’ateliers aménagés pour « atténuer les maux d’un lycée qui est devenu un espace de non-droit ».
Désormais, les enseignants du Lycée Joseph Gallieni s’organisent pour élaborer des solutions concrètes aux problèmes qui se posent dans leur établissement à savoir les effectifs d’assistants d’éducation (AED) insuffisants pour surveiller les « 11 hectares d’espace vert, de bâtiments et de coursives » ; le manque de moyens pour prendre en charge les élèves perturbateurs ou encore la difficulté à sanctionner et dissuader les troubles à l’ordre public de plus en plus fréquents.
Parmi les mesures proposées, les professeurs réclament dix postes d’AED supplémentaires « pour faire face à l’urgence ». Par ailleurs, ils insistent sur la nécessité de mettre en place des caméras et envisagent aussi la mise en œuvre d’une « politique différenciée et réfléchie du recrutement des élèves ». L’objectif ? « améliorer le climat scolaire pour ne pas être tenu de reprendre, d’une année sur l’autre, des élèves perturbateurs et récidivistes qui cumulent les sanctions suite à des agressions verbales ou physiques à l’encontre du personnel ». Un ensemble de mesures qui devraient être mises en place dans les prochaines semaines, à commencer par la nomination d’un nouveau proviseur épaulé par un « conseil de sécurité ».
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