Accéder à la cantine juste avec la forme de sa main : c’est ce qui est proposé aux élèves du collège Jolimont depuis septembre 2017. Mais ce mode d’accès ne fait pas l’unanimité.

Tout a démarré avec une photo d’une lettre aux parents d’élève de l’établissement postée sur les réseaux sociaux. Antoine, père d’un élève de 3ème, venait de prendre connaissance du nouveau mode d’accès à la cantine, et la fin de la lettre le rend perplexe. « J’ai été très surpris de lire que si je refusais que mon enfant soit identifiable ainsi, il mangerait en fin de service » raconte le parent d’élève.

« Ce système est discriminatoire »

En effet, la façon dont a été tournée la lettre aux parents a été plutôt mal prise. « Mon fils m’a demandé de ne pas le lire et de signer, car il voulait manger avec ses amis » souligne Antoine. Mais il ne pouvait pas accepter, car « ce système est discriminatoire » ajoute-t-il. A ce jour, moins de dix parents sur 380 élèves ont refusé l’emploi de la biométrie. Qu’est-ce qui choque ?

« C’est l’emploi de la biométrie pour des élèves de collège à la cantine qui dérange… je travaille dans une entreprise internationale, et quand je vais à Paris pour des réunions, j’ai un badge, pas de capteur biométrique ! » s’indigne le parent d’élève.

Après plusieurs sollicitations, la principale du collège Jolimont, Florence Lapeyre, a bien voulu le recevoir, mais avec la totalité du Conseil d’Administration et le conseiller départemental Jean-Jacques Mirassou, en charge de l’éducation. Antoine en est ressorti avec le sentiment de n’avoir rien accompli. « On m’a fait un procès sur mes idées politiques, car sur Facebook des amis de la France Insoumise ont partagé mon message » précise-t-il. Après cette polémique, la principale du collège a reconnu « une maladresse au niveau de la forme » à propos du courrier dans La Dépêche du Midi.

Pas hors-la-loi, selon la CNIL

Sur le fond, l’instauration de la biométrie dans une cantine ne rencontre pas l’opposition de la CNIL, qui l’a validée dans son autorisation unique AU-009. Mais les parents doivent avoir le droit de refuser, et leurs enfants ne doivent pas être discriminés à cause de ce refus. C’est ce point sur lequel repose la polémique : un enfant mangeant en fin de service car ses parents refusent que son empreinte de main soit fichée, est-ce normal ? « On ne sait pas où vont atterrir ces données. Tant qu’on est dans un régime démocratique, ça va, mais si ça change ? » s’interroge Antoine.

Du côté du collège de Jolimont, le silence radio est de mise. Contactée, la directrice Florence Lapeyre n’a pas souhaité répondre à nos questions. Les informations biométriques doivent être supprimées lorsque l’enfant termine sa scolarité dans l’établissement, selon la loi. Mais l’initiative reste controversée. Et Antoine, lui, continuera de se battre contre ce traitement.