Jeudi 27 novembre, Eric Paillot, vice-président de la compagnie de Phalsbourg, promoteur de la Tour Occitanie, se rendait à une soirée privée dans un bar « select » toulousain. A cette occasion, les associations qui militent contre la tour ont organisé un rassemblement de protestation.
Jeudi soir, l’association Non au gratte ciel Toulouse, la fédération France nature environnement Midi-Pyrénées et le Droit au logement 31 appelaient à un rassemblement contre la Tour Occitanie place du Capitole. La Tour Occitanie c’est 150m de haut, 40 étages, 13 000 m² de bureaux, 2000m² de commerces, quelques 120 logements de luxe, un hôtel quatre étoiles et un restaurant panoramique. Le tout en plein cœur de Toulouse, sur le site de l’ancien centre de tri postale, à côté de la gare Matabiau.
C’est aussi le symbole du projet d’urbanisme Grand Matabiau, initié en 2017 par Jean-Luc Moudenc. Grand Matabiau est en fait le nouveau nom donné par le maire actuel à Toulouse Euro-Sud-Ouest. Amorcé il y a 10 ans, le projet vise à transformer Matabiau en un quartier d’affaires d’ici à 2030.
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Ses défenseurs y voient un atout majeur pour l’économie toulousaine, en faisant de la ville rose un pôle multimodal attractif. Il serait en plus très accessible par la gare et la ligne A. D’autant plus que Grand Matabiau prévoit un développement des transports en commun. Avec notamment la future ligne C et la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse.
« Ce n’est pas du tout ce qu’il faudrait pour l’avenir »
Mais jeudi soir, une quarantaine de manifestants ont bravé la pluie pour exprimer leur rejet de la Tour Occitanie. Pour Jean Olivier, directeur de France nature environnement Midi-Pyrénées, c’est d’abord une question écologique. « C’est une tour d’un autre temps, un temps archaïque et pas du futur comme on voudrait nous faire croire. Le bâtiment sera énergivore et ne répondra pas à l’enjeu environnemental actuel. Ce n’est pas du tout ce qu’il faudrait pour l’avenir. »
Pour ses partisans, la tour ferait au contraire un pas vers l’écologie, notamment car elle serait végétalisée. En 2019, Jean-Luc Moudenc avait déclaré à Actu Toulouse qu’il comptait ainsi faire « basculer Toulouse du minéral au végétal. »
« Un objectif d’épuration sociale »
Les militants du DAL 31 mettent, eux, l’accent sur la question sociale. Laurence Kantzer, coordinatrice du DAL HLM Toulouse, pointe le fait que le promoteur sera exempté de faire des logements sociaux dans la tour. « Le plan local d’urbanisme (PLU) a été modifié, mais normalement il prévoit des logements sociaux obligatoires à partir de 2000 m². »
Plus globalement, ce projet pose la question de la gentrification. Pour le DAL « il y a un objectif d’épuration sociale. Les loyers du quartier Matabiau vont augmenter et tous les habitants historiques seront obligés de s’éloigner du centre pour trouver un logement moins cher. » Alors même que Laurence Ketzer précise qu’il y a « une grave crise du logement à Toulouse » et que « nous avons besoin de ces logements sociaux. »
« Le gratte ciel est tombé du ciel »
Enfin, les détracteurs de la Tour Occitanie critiquent un manque de transparence et de démocratie. « Le gratte ciel est tombé du ciel. Personne n’était au courant. » Richard Mébaoudj, président de Non au gratte ciel de Toulouse – Collectif pour un urbanisme citoyen, regrette que les Toulousains n’aient pas été consultés. « La moindre des choses c’est de demander aux électeurs s’ils veulent un gratte ciel à Toulouse. »
Jean-Luc Moudenc soutient pourtant l’inverse. Il a déclaré a Actu Toulouse en 2018 qu’une première enquête publique sur le projet Grand Matabiau n’avait révélé que 80 personnes défavorables à la tour, sur 400 citoyens interrogés. Dans une enquête plus large sur le nouveau plan d’urbanisme, il s’agissait également de 80 opposants, sur 2 850 sondés.
Les trois organisations à la tête de la contestation ont déposé deux recours contentieux. Un contre la modification du PLU qui autorise le promoteur à ne pas prévoir de logements sociaux. L’autre contre le permis de construire, « accordé discrètement en plein été par le maire sortant » selon Richard Mébaoudj.