A l’occasion de son anniversaire, le centre communautaire toulousain dresse le bilan. Et malgré les galères successives, celui-ci serait plutôt positif.

« Un projet innovant », qui permette de « lutter contre les inégalités sociales », c’est ainsi que ses fondateurs rêvaient de voir évoluer la Case de Santé. Créé à Toulouse en 2006, et depuis resté fidèle à l’immeuble du 17, place Arnaud Bernard, ce centre de santé communautaire et associatif fêtait fin septembre ses dix ans. Au programme : concert, repas de quartier, mais aussi portes ouvertes. L’occasion de faire découvrir aux habitants du quartier ou simples curieux de passage les dessous de ce lieu atypique, le premier du genre en France.

Des patients qui « cumulent les difficultés »

Aujourd’hui, treize salariés y travaillent. Un chiffre auquel s’ajoutent de nombreux bénévoles, comme Marine, 23 ans, étudiante en master à Sciences Po Toulouse. C’est en avril dernier qu’elle a rejoint l’équipe, parce qu’elle avait « l’envie d’aller voir ailleurs » et de « s’engager ». Elle, travaille au pôle juridique. Car depuis ses débuts, la Case de Santé ne vient pas seulement en aide aux toulousains, mais aussi à des patients étrangers, qui ne peuvent se soigner dans leur pays. « On a eu quelques Arméniens, beaucoup d’Algériens, de Maghrébins, de gens d’Afrique Noire, ou des pays de l’est, comme des Slovaques ou Tchéchènes », énumère Marine. Sans carte de séjour, certains sont aussi sous obligation de quitter le territoire français.

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Le service dédié de « la Case » étudie un à un ces dossiers, et apporte un « appui juridique ». « En aucun cas on ne remplace leur avocat, rappelle la bénévole, nous on vient juste les aider à prouver l’indisponibilité des traitements dans leur pays, et à obtenir une carte de séjour ».

Pour Marine, qui avoue avoir été touchée par la situation de ces personnes « qui cumulent les difficultés », entre maladie, manque d’argent et obstacles juridiques, offrir quelques heures de son temps chaque semaine à ce travail semblait presque une évidence. Pourtant, elle aurait bien pu ne jamais travailler à la Case de Santé. Lorsqu’elle a commencé à en entendre parler, le 17 place Arnaud Bernard était en effet en bien mauvaise posture.

Une mission d’utilité publique reconnue

C’était en 2014, l’époque où le centre médico-social peinait à sortir la tête de l’eau. Non seulement aucun financement public n’était prévu pour ce type de structure originale, mais les organismes qui auraient pu pallier à cette absence, comme la Sécurité Sociale, ou l’agence régionale de santé, rechignaient eux aussi d’y investir régulièrement des sommes suffisantes. L’on évoquait alors l’idée de fermeture.

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Pourtant, beaucoup reconnaissaient déjà que le lieu remplissait une mission « d’utilité publique ». Bernard Giusti, président de la caisse primaire d’assurance maladie de la Haute-Garonne confiait ainsi à L’Humanité que « cette structure de santé [parvenait] à toucher des publics que d’autres établissements [n’arrivaient] pas à prendre en charge ». Il qualifiait son travail de « remarquable ». De son côté, la faculté de médecine demandait à la Case « d’assurer un module de formation à la santé des personnes étrangères ».

Deux ans plus tard, Marine se veut confiante. Même si le centre communautaire reste largement dépendant de subventions qui sont « remises en jeu chaque année », elle assure que la situation s’est améliorée. « Disons qu’ils galèrent un petit peu moins qu’avant », confie-t-elle, l’air à demi-soulagée.