Frayer_metier_de_gardien_amplifie.mp3Dans le cadre de la 18eme édition des Journées Nationales Prison, le journaliste Arthur Frayer, auteur du livre « Dans la peau d’un maton », donnait une conférence à la librairie de la Renaissance.
Quelle marge de manœuvre pour un journaliste qui traite des prisons ? Aucune, répond Arthur Frayer. Excepté lorsqu’il s’agit de visiter de « belles prisons toutes neuves » ou de couvrir les « activités socio-culturelles » arborées fièrement par l’administration pénitentiaire.
Jeune journaliste, Arthur Frayer est l’auteur du livre Dans la peau d’un maton paru en mars 2011. Dans le cadre de la 18e édition des Journées Nationales Prison organisées par le Groupe National de Concertation Prison, il donnait une conférence jeudi dernier à la librairie de la Renaissance, à Toulouse.
S’infiltrer derrière les murs de la prison
Au début de la conférence, il explique sa démarche : lors d’un stage, lui vint l’envie d’écrire sur la prison. Manque d’informations et refus de la rédaction, son article n’est pas réalisable. Qu’à cela ne tienne, il décide coûte que coûte d’infiltrer les murs sombres et épais du système carcéral français. Pour cela il intègre l’ENAP (École Nationale d’Administration Pénitentiaire), puis exerce quelques mois le métier de gardien de prison. L’objectif est de raconter objectivement ce qui se passe dans les prisons françaises, d’où la publication de son livre et les conférences publiques.
Un témoignage juste
Le reste de la conférence est un témoignage juste sur les conditions de travail et de détention dans les prisons où il a exercé. Les sons qui suivent sont extraits de la conférence.
Formation inadaptée, manque d’effectifs, problèmes pratiques liés au manque de moyens et à la rigueur des règles, il raconte les difficultés rencontrées dans la pratique du métier de gardien de prison.
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Racisme ambiant, pénalisation des classes défavorisées et durcissement de la répression, Frayer relève les défaillances des politiques de la ville et du système pénal.
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Puis, il raconte son aperçu des activités rémunérées en prison, thème principal des Journées Nationales Prison cette année.
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La conférence est suivie d’un débat en présence de représentants de la LDH, du SNEPAP-FSU et de l’ACSE, recentrant la question autour de la pénalisation de la misère sociale et des ratés du système carcéral en matière de réinsertion.
Trois questions à Arthur Frayer
« Univers-Cités » : Quelles sont les différences entre la formation théorique reçue à l’ENAP et le métier dans sa pratique ?
Arthur Frayer : L’ENAP nous sert un discours humaniste, qui centre le métier de gardien de prison autour de la protection et de la réinsertion. Le discours est bon, le problème est qu’il n’y a aucun moyen de le mettre en place. Dans la pratique, le gardien de prison fait de son mieux pour que ça ne pète pas et qu’il n’y ait pas de mort à la fin de la journée de travail.
Quelles étaient vos relations avec les détenus ?
C’est impossible de généraliser. Ça pouvait très bien se passer comme avec ce détenu qui me montrait les photos de ses enfants, comme ça pouvait en venir aux mains avec d’autres. Il suffit de pas grand chose pour que ça dérape.
Quelle a été la réaction de l’administration pénitentiaire à la sortie de votre livre ?
Elle n’a jamais réagi au sujet de mon livre. Par contre, j’ai encore des relations avec certains de mes anciens collègues. Au début ils avaient peur de ma vision trop « pro-détenus », au final ils sont plutôt contents qu’on parle de leur métier.