Lundi 29 mars, salle Osète, deux journalistes syriens invités par l’association Toulouse Syrie Solidarité livraient leur témoignage d’une Syrie à feu et à sang.
Leurs noms : Reem Fadel et Louai Abo Aljoud.

reem_fadel.jpgReem Fadel a 33 ans et finissait un master en critiques théâtrales quand la guerre a éclaté en 2011. Les contestations contre le régime en place ont commencé à l’Université. « Le mouvement manquait de couverture médiatique. » C’est dans ce contexte qu’elle devient activiste anti-Assad et écrit des articles critiques à l’égard du régime.

Fin 2013, les forces de sécurité du régime l’arrêtent à son domicile. Elle sera transférée dans trois différents services de renseignement en l’espace de trois mois. Accusée de faire entrer du lait dans la partie d’Alep occupée par l’Armée syrienne libre et assiégée par le régime, de s’opposer à Assad par ses écrits, elle est considérée par le régime comme une terroriste. Selon la journaliste, en Syrie, « un article peut vous coûter la vie. »

Torturée, elle sortira de prison après que sa famille ait payée 10 000 dollars à ses geôliers.

« Les Syriens se sont acclimatés à la mort mais craignent d’être arrêtés. Parce qu’en prison, ils savent qu’il leur faudrait demander mille fois de mourir. »

Aujourd’hui, la journaliste vit en exil à Istanbul. Ses articles décrivent le quotidien des civils syriens et témoignent de la situation dans les prisons pour femmes, de la famine, de la répression sauvage.

louai_abo_aljoud.jpgLouai Abo Aljoud étudiait la médecine. Il s’improvise journaliste citoyen au début de la guerre en 2011. Cette même année, il est arrêté par le régime et doit signer un papier qui l’engage à ne plus se montrer critique à l’égard des autorités. Arrêté une nouvelle fois en 2012, il passe quinze jours en prison et est torturé à plusieurs reprises.

Quand l’Armée syrienne libre entre à Alep en 2013 et occupe une partie de la ville, le régime d’Assad place des snipers à plusieurs coins de rue à la frontière de la zone qu’il contrôle. Louai est blessé à la jambe par l’un de ces snipers.

En Turquie, il fait un cours stage de formation au journalisme puis est engagé par la chaîne Al Arabiya.

Il retourne en Syrie. Capturé par Daesh, il est emprisonné – avec de nombreux journalistes occidentaux également kidnappés – dans une ancienne usine transformée en prison. L’homme est libéré six mois plus tard dans le cadre d’un échange de prisonniers entre Daesh et l’Armée syrienne libre.

« Toute la lumière est faite sur Daesh, pas sur les Syriens. Pourtant, Daesh est une idée. Aucune aviation, aucune formation militaire ne peuvent combattre une idée. Une idée se combat avec d’autres idées. Aujourd’hui, seul les Syriens peuvent mettre fin à Daesh. »

Depuis, le journaliste a fondé son agence de presse à Gazientep, à la frontière turque.