Le 17 février dernier paraissait dans la presse la première version du texte de la loi El Khomri. Depuis, les manifestations ont été nombreuses, réunissant, à chaque fois, une foule de jeunes mécontents. Mais sont-ils tous opposés à cette loi? A en croire les pétitions en ligne sur le site change.org, les Français en faveur de la loi El Khomri (27 844) sont bien bien moins nombreux que ceux qui s’y opposent (1 285 740). Toutefois, à droite comme à gauche, des jeunes sont favorables aux propositions de cette loi Travail si controversée.

« Réforme de droite », « Trahison du PS », voilà ce que l’on a pu lire sur les pancartes de la manifestation du 31 mars contre la réforme du travail. Pourtant, alors que des milliers de jeunes scandent qu’ils valent mieux que ça, d’autres voient dans cette loi un avenir meilleur.

Une réforme libérale pas forcément synonyme de précarisation

Pour Victor Ermet, responsable départemental des Jeunes Républicains, la loi, lors de sa première publication, était tout à fait pertinente et permettait une réelle souplesse pour les entreprises. « Cette loi redonnait, à l’origine, un équilibre entre les salariés et les chefs d’entreprise. Il faut en finir avec les 35 heures, donner la possibilité aux salariés de travailler plus est une bonne chose ».

Antoine, étudiant à l’université du Mirail, considère que le réajustement du code du travail est actuellement nécessaire : « Le code du travail est totalement resté figé dans les années 1970. Une époque où l’on considérait qu’accepter un CDI à 23 ans et que le quitter à 60 ans était la norme. Les pays développés doivent faire face à la concurrence des pays émergents à bas coûts et, à l’heure actuelle, les entreprises en France ne peuvent pas ajuster le temps de travail et la masse salariale de leurs employés ». Pour Antoine, la protection du salarié reste indispensable, mais n’empêche pas au code du travail de s’adapter.

Victor, étudiant à Sciences Po Toulouse, estime lui aussi que le Code du Travail souffre d’une grande rigidité : « Le plafonnement des indemnités prud’homales et la clarification des règles de licenciements pourront rétablir un climat de confiance entre le patron et les salariés et cela motivera les jeunes entrepreneurs à créer leur boîte en France ».

De gauche et favorables à la loi

Être de gauche et soutenir le projet El Khomri, incompatible ? Dans la région, le seul mouvement des Jeunes socialistes à s’être prononcé en faveur de la loi Travail est celui du Tarn-et-Garonne (MJS 82). « Nous n’étions pas d’accord avec la première proposition de loi mais aujourd’hui nous sommes satisfaits que le gouvernement revienne sur certaines décisions. Nous sommes pour un dialogue social et je pense que les députés vont faire leur travail d’amendement », explique Paul Murat-Craïs, secrétaire du MJS 82. Le jeune homme de 19 ans estime que le projet de loi avance : « Nous sommes satisfaits concernant la garantie jeune et le compte personnel d’activité, le gouvernement prend en compte nos revendications, c’est une bonne chose ».

Paul Murat-Craïs, secrétaire général du MJS 82

Justine, étudiante à l’IEP de Toulouse, considère de son côté que flexibiliser le Code du Travail est nécessaire et n’a rien d’incompatible avec son engagement à gauche. « Mon cousin se plaint depuis 10 ans de son travail mais n’en change pas parce qu’il a peur de ne rien trouver ensuite. A compétences équivalentes, la secrétaire avec qui je travaillais aux Etats-Unis ne se reconnaissait plus dans les valeurs de sa boîte et a quitté son travail. Deux semaines après elle en avait retrouvé un autre ».