Samedi 23 janvier, les habitants du quartier des Pradettes se sont rassemblés sur la place pour faire part de leur mécontentement face aux futurs projets d’urbanisme. Ils craignent une accélération de la paupérisation du quartier, et une détérioration de la mixité sociale.
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Environ 200 personnes étaient présentes sur la place des Pradettes. Des riverains venus pour défendre la qualité de vie dans leur quartier qui risque d’être dégradée par de nouveaux projets d’urbanisme prévus par le PLU (Plan Local d’Urbanisme) en cours dans cette zone. «Nous aimerions continuer à vivre ici de façon agréable. Depuis 10-15 ans, on assiste à une augmentation des incivilités et de l’insécurité, causée par la densification du secteur», explique Danièle, une habitante.

Depuis plusieurs années, la multiplication des logements sociaux de petite taille accélère aussi la paupérisation des Pradettes. Les projets immobiliers du Chemin Fourtou, qui prévoient de remplacer trois anciennes maisons par 86 nouveaux logements du T1 au T2 en sont un exemple frappant. Ils risquent d’attirer une population plus pauvre en lieu et place des familles plus aisées qui résidaient dans ces trois maisons, au détriment de la mixité sociale du quartier.

Un PLU en contradiction avec la Politique de la Ville

Ces projets d’urbanisme, inappropriés selon le Collectif des Associations des Pradettes, risquent bien de transformer le quartier en ghetto. Et le fait que la zone soit passée en ZSP (Zone de Sécurité Prioritaire) en 2015 n’y change pas grand chose relève Malik Beldjoudi, Président du Collectif des Associations des Pradettes:

**«En choisissant de concentrer des très petits logements sociaux sociaux sur une zone, on choisit aussi d’y concentrer l’économie souterraine. On crée des ghettos et ça favorise le deal par exemple. Et même si l’on est en ZSP, on voit bien que la police n’est pas toujours présente. Aujourd’hui par exemple, elle n’est pas là.»

Le PLU tel qu’il est conçu aujourd’hui se place en totale opposition avec la Politique de la Ville, explique Malik Beldjoudi. « La Politique de la Ville est censée être pensée pour améliorer le cadre de vie des habitants. Or, avec le PLU en place actuellement, on ne fait qu’accroître les difficultés de ce quartier en augmentant encore le nombre d’habitants. »

Des infrastructures qui ne suivent pas

Un autre enjeu de la création de nouveaux logements, concentrée dans un seul quartier, est celui des infrastructures. Pour Lena Guiziou, membre du Conseil Citoyen des Pradettes, c’est un point important, mais oublié. « Il y a de plus en plus d’habitants mais les infrastructures ne suivent pas. Nous n’avons pas eu de nouvelles infrastructures sportives ou culturelles. Il y a uniquement eu un report de la crèche qui était insalubre, ça a créé quelques places en plus, mais ce n’est pas suffisant », déplore-t-elle.

Des oublis qui nuisent à l’attractivité du quartier, déjà perçu comme délicat par ceux qui n’y vivent pas. « Les Pradettes est un quartier très agréable à vivre, mais c’est vrai qu’avant de m’y installer j’en doutais un peu. Il y eu de l’amélioration, avec la reconstruction de la place qui comporte maintenant des tables de pique-nique par exemple, l’installation de caméras de surveillance. Il faut continuer à améliorer son attractivité, une restructuration de la route s’impose » explique-t-elle.
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La concertation citoyenne au cœur du problème

La mobilisation des habitants du quartier est avant tout citoyenne. Les riverains entendent bien faire valoir leur droit à participer à l’élaboration de projets qui les concernent directement. Les projets immobiliers du Fourtou par exemple, n’ont pas été concertés avec les habitants.

Pourtant, les riverains s’investissent dans la préservation de leur qualité de vie, et ont même pensé à des projets alternatifs, notamment une base de service avec jardins partagés et centre de réinsertion et d’économie sociale et solidaire au Fourtou. Mais ces projets ne sont pas entendus, ce qui amène le Collectif des Associations des Pradettes à envisager des recours en justice.

** « Si nous ne sommes pas entendu, nous irons jusqu’au bout. Nous porterons plainte pour préjudices moraux. »

Pour Geneviève, habitante de Lardenne qui a souhaité soutenir les initiatives des riverains des Pradettes, le poids des citoyens serait d’autant plus important si les Conseils Citoyens des deux quartiers fusionnaient. « A Lardenne, les mêmes problèmes se posent. C’est dommage que les associations des deux quartiers soient séparées, car au fond les enjeux sont les mêmes. On pourrait avoir plus d’impact en se réunissant », regrette-t-elle.