Chaque dimanche, une dizaine de personnes se retrouvent à la base sportive des Argoulets pour jouer au quidditch moldu. Ce sport méconnu, tiré de l’univers d’Harry Potter, n’a pas encore percé en France. Original et convivial, il ne manque pourtant pas d’atouts. « Univers-Cités » est allé à la rencontre du Toulouse Muggle Quidditch, seule équipe de la ville.

Florian, président de l'équipe de Quidditch moldu de Toulouse

Florian a 24 ans. Professeur stagiaire de français, il pratique le quidditch “moldu” (ceux qui ne sont pas sorciers) depuis deux ans et la création de l’équipe de Toulouse en mai 2011. « Pourquoi j’ai testé ? C’est l’aventure ! Le sport, l’ambiance, le fait que ça vienne d’Harry Potter, tout a joué pour que je reste ». Aujourd’hui, l’équipe s’est agrandie, et même si il est toujours difficile de réunir du monde, une association est sur le point d’être créée pour officialiser l’existence du Toulouse Muggle Quidditch.

En termes de règles, les choses sont très proches des livres de J.K. Rowling, les balais volants en moins. Deux équipes de sept joueurs, trois balles différentes, six buts – des bouts de bois d’1,50 à 2 mètres surmontés de cerceaux – et des postes de jeu bien précis. Les poursuiveurs se passent le souafle (un ballon de volley), qu’ils doivent rentrer dans les cerceaux pour marquer un but. Chaque but vaut dix points. Mais ils peuvent à tout moment être stoppés par les batteurs, qui tentent de les éliminer du jeu pendant quelques secondes en leur jetant des cognards, une petite balle bleue. Pendant ce temps là, les attrapeurs poursuivent le vif d’or, une balle de tennis dans une chaussette accrochée au derrière d’un joueur qui a tous les droits : s’enfuir sur le toit d’un bâtiment proche, se cacher dans les arbres… tout dépend de son imagination. Si le vif d’or est attrapé, l’équipe remporte trente points et le match se termine. Petite précision : le tout doit être réalisé avec un balai entre les jambes (la plupart du temps un simple bout de bois), et il ne doit jamais tomber au sol…

Match de Quidditch moldu aux Argoulets

Des débuts difficiles en France

En France, il n’existe qu’une petite dizaine d’équipes éparpillées un peu partout. Seules cinq sont reconnues par la fédération internationale de quidditch – l’IQA, l’International quidditch association – et il n’y a que les deux équipes parisiennes qui sont assez compétitives pour disputer des tournois internationaux. Né en 2005 aux Etats-Unis, à l’université de Middlebury dans le Vermont, le quidditch compte aujourd’hui plus de 200 équipes en Amérique du Nord. « Là- bas, ça a très bien pris, c’est vraiment impressionnant. Ça fonctionne par fac, ce qui leur donne un vrai cadre pour que ça se développe », explique Florian. « En France, c’est plus compliqué, on n’en est qu’au début. A Rouen ou à Nantes, ils ont réussi à développer une équipe avec leur fac, ce qui leur garantit des joueurs réguliers et un cadre institutionnel ». Mais plusieurs joueurs toulousains ne sont plus étudiants, et ils n’ont donc pas pris le risque de passer par une université.

Pour trouver des joueurs, le club communique sur les réseaux sociaux, et participe à divers événements dans la région. Ils ont ainsi fait tester le quidditch aux visiteurs du Festival du jeu en mai 2012, et auront un stand au Toulouse Game Show en décembre prochain. « Ce n’est pas évident de communiquer, souligne Florian, c’est aussi pour ça qu’on joue aux Argoulets. Il y a pas mal de visibilité, les gens passent et sont souvent intrigués, alors on leur propose d’essayer avec nous ».

Le balai entre les jambes, ils filent comme le vent

Le quidditch ? Un sport comme un autre

Convaincre les gens d’essayer reste le moyen le plus efficace de leur faire apprécier ce sport à l’apparence loufoque. Karine a 27 ans et joue depuis plus d’un an. Elle a connu le quidditch par une amie, l’une des fondatrices de l’équipe toulousaine. « J’ai voulu essayer, et ça m’a tout de suite plu, du coup je suis restée ». Les atouts de ce jeu ? « C’est un sport collectif avec beaucoup d’enjeux, différents postes, des feintes, c’est très complet. Il faut vraiment essayer pour comprendre. C’est tellement intensif et prenant qu’on oublie vite les accessoires comme le balai, on se concentre sur le jeu », confie-t-elle avec enthousiasme. Et inutile d’être un fan absolu d’Harry Potter pour s’amuser et apprécier. « Je ne suis pas du tout une fan, sourit Karine. Au début, j’avais peur que ce côté trop Harry Potter m’exclue un peu, et finalement c’est parti dans une autre direction, beaucoup plus sportive, avec la bonne ambiance en plus ».

Charlotte, une joueuse de 28 ans, confirme. « Le quidditch moldu n’a pas vraiment de liens avec Harry Potter en fait, c’est un sport, tout simplement. Je suis une fan de cet univers au départ, mais j’ai grandi depuis, et j’en fais uniquement parce que ça me plait ». Un sport imaginaire devenu bien réel, original et mixte, qui ne demande qu’à être connu du grand public. La dernière Coupe du monde a eu lieu à New-York en 2010. Elle a rassemblé 46 équipes du monde entier, soit 757 joueurs, et plus de 20 000 spectateurs… Le quidditch moldu semble avoir de l’avenir !

En attendant, si vous voulez enfourcher un balai, rendez-vous aux Argoulets, tous les dimanches à 14h.