In-dependances, c’est un peu une manière de démystifier la célèbre maxime de Ian Dury, emblème de toute une époque : « Sex and drugs and rock and roll ». Organisé le 4 avril dans la salle du Cap de Paul-Sabatier, ce tremplin atypique donnait pour mission aux jeunes musiciens, amateurs comme pros, de dénoncer une dépendance. Le but : faire passer un message de prévention à travers la musique.

« Avouez que c’est rock’n’roll de se baigner dans les vices et dans l’étourderie de la nuit.
Ya pas à chier, Didier aime se perdre aux fées nocturnes et mortelles de la destruction »- Les jouets du démon – Maddyson Myarade

Chanson française à texte sur fond de guitare, batterie et contrebasse pour le trio Lucien la Mauvaiz graine. Rap musical pour Rs et Mathis, dont le jeune chanteur, presque timide une fois sa casquette de rappeur enlevée, a goûté pour la première fois aux joies de la scène. Guitare à la main et caisse au pied pour des chansons françaises sur rythme folk avec Yellow, chanteur en solo. Ou encore Favo à l’énergie débordante, pour un son entre rap, hip hop et rythmes électros accompagné de Moody, petite touche de féminité derrière les platines. Et enfin dans style très rock psychédélique progressif, « d’inspiration monde un peu halluciné », Maddyson Myarade et son chanteur aux lentilles effet yeux de serpent, un « tantinet » dandy mégalo.

« Avec ces cinq groupes, la variété des styles était au rendez-vous« , résume bien Joël Saurin, bassiste du groupe Zebda et président du jury au tremplin In-dependances pour l’occasion.

« Peu à peu mon âme se fanait, s’effritait comme de la terre.
Plus le manque m’obsédait, plus mon corps laissait faire »- L’epitumia – Yellow

S’ils ont été sélectionnés parmi trente groupes, c’est pour « la performance musicale mais surtout pour la pertinence des textes sur la dépendance« , explique Camille qui fait son service civique au sein de l’Apoirc, association chargée de toute la partie musicale. Un tremplin émanant de la rencontre entre l’Apoirc* et le Simpps* qui s’occupe de la partie préventive.

Comment communiquer efficacement auprès des étudiants à propos des addictions ? C’est la question que se sont posés les membres du Simpps: « On s’est rendu compte qu’ils n’écoutent jamais ce qu’on leur dit à propos des addictions. On a donc décidé de leur donner la parole. En effet, la musique est un vecteur de communication très intéressant pour cette cible« , résume
Stéphanie Médieux, chargée de la prévention santé au Simpps.

La devise de la soirée : le savoir-vivre la fête, une fête où tout genre de drogues ou d’addiction ne sont pas nécessaires. En effet, plus de 85% des étudiants consomment de l’alcool lorsqu’ils sortent. Et il semblait important pour les organisateurs de marquer le coup en proposant des cocktails sans alcool : « L’idée c’est de démontrer que ce soir, on peut passer une bonne soirée sans avoir la tête à l’envers !« , insiste-t-elle.

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« La défonce n’a plus de sens quand on veut s’équilibrer.
Elle gâche la puissance des sens , change la réalité.
Avec c’est plus facile de ne pas assumer.
Sans c’est plus facile de ne pas s’enfoncer.
Je me défonce à la vibe vibe vibe et au boums boums » – Mettre le Why – Favo

Pour certains groupes, une ou deux chansons sur les addictions faisaient déjà partie de leur répertoire, d’autres ont composé exprès pour l’évènement. « La musique c’est quand même pour moi un moyen d’évasion, mieux que la drogue. Mes plus beaux voyages, c’est en écoutant de la zic que je les ai fait« , raconte Yellow.

Remplacer la drogue par la musique, c’est souvent le message que les groupes ont laissé sous entendre. « Un tremplin comme celui-là ça change justement de tous ces groupes de rock qui prônent l’usage de stupéfiants et d’alcool, je trouve cela relativement cool« , explique Mathieu Vergès de Maddyson Myarade. « Ca permet de nous regrouper autour d’un même thème et au moins on sait pourquoi on est là« , rajoute Moody.

« J’rêvais d’une vie autonome et j’ai fini assisté.
J’voulais rendre mes parents heureux mais j’ai fait qu’les attrister.
Mon pote sur la conscience, il n’y a pas un jour sans que je pense à lui.
Putain d’accident qui me maudit toutes les nuits » – En une seconde – RS et Mathis

C’est finalement le groupe de Lucien qui a remporté le prix du jury. « Cest le fruit d’un collectif, chaque membre n’a pas fait le même choix, ça a vraiment été des mathématiques, on a additionné des chiffres, justifie Joël Saurin. Pour le prix du public, RS et mathis ont joué le jeu à fond, ils ont amené leurs copains et ils leur ont dit : votez pour nous ! et apparemment ça a marché ».

Les deux groupes repartent avec une semaine de résidence programmée, un enregistrement en studio et une prochaine date de concert dans une salle toulousaine. Une récompense non négligeable pour ces groupes qui ne refusent jamais un petit coup de pouce pour tenter de percer.

« Donne moi de la coco, et j’serai un vrai héros,
Donne moi des cachetons, pour ne plus tourner en rond,
Donne moi une cigarette, c’est promis demain j’arrête »- Heureusement – Lucien la Mauvaiz Graine

* Apoirc : Association Pour les Opportunités et Initiatives Régionales Culturelles

* Simpps : Service Interuniversitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé