Le début de cette belle aventure remonte au mois de février 2005. L’association Entrez sans frapper doit décider qui elle va inviter pour sa résidence d’artistes, c’est à dire celui qui va mener le projet culturel à venir. Après délibération avec les habitants, c’est l’artiste plasticien Nicolas Simarik qui est choisi. L’idée de faire un pastiche du catalogue de la Redoute en y invitant les gens du quartier séduit. « Ce qui m’a plu c’est ce décalage, car on gagne déjà beaucoup par l’humour », raconte Isabelle Tardiglio, directrice de l’association.

Un travail collectif de longue haleine

Au mois de juin les prises de vues commencent, avec la photo de couverture, le visage de farceur de l’artiste. Un travail de longue haleine, puisqu’il y aura en tout 22 000 clichés. Les modèles ne sont pas des mannequins froids, mais des vrais habitants du quartier, recrutés par le biais des associations locales. Au total environ 650 personnes vont poser pour le catalogue, soit 10% de la population d’Empalot. « Il y a des jeunes du club de foot, des mères, des personnes âgées, mais aussi des commerçants comme le boucher, la boulangère… ». Un vrai engouement collectif pour un projet aux multiples facettes.

Les habitants sont associés à tout le processus de conception du catalogue. « On a fait travailler des stylistes, des photographes et une graphiste », relate Joël Gérard, président d’Entrez sans frappez. « Des ateliers de mise en page ont été réalisés avec la graphiste, ce qui a permis aux gens intéressés d’acquérir des savoirs et de s’impliquer encore plus » précise-t-il. Des bâches sont exposées sur les façades des immeubles, à la façon des grands encarts publicitaires. Mais cette fois-ci, pas de marques à vendre, seulement la volonté de faire connaître le quartier et son projet culturel.

La fierté des habitants du quartier

Le catalogue est finalement tiré à 6000 exemplaires, grâce à un financement partagé entre fonds publics et privés. Il est présenté officiellement le 25 octobre, pour la plus grande fierté des habitants du quartier. Les membres de l’association essaient de le faire connaître au maximum, en en envoyant par exemple aux ministres et au président de la République. Peu à peu, la Déroute fait son chemin et devient un succès médiatique. L’initiative du quartier populaire de Toulouse fait son apparition dans le 13 heures de France 2, le Grand Journal de Canal + ou les colonnes de Libération.

Une jolie réussite pour tous les gens d’Empalot et pour l’association, qui selon les mots de sa directrice « voulait créer du lien social et de la reconnaissance ».