Mercredi 20 mars, des étudiants en masso-kinésithérapie venus de toute la France ont manifesté à Paris et sont allés plaider leur cause au ministère des Affaires sociales et de la Santé. La raison ? La reconnaissance au simple grade licence des études de kiné.

Face aux inégalités de valorisation entre les différentes formations paramédicales suite à leur intégration à la réforme Licence-master-doctorat (LMD), la grogne monte.

Les étudiants en kiné ont manifesté devant le ministère des affaires sociales et de la santé.

La décision du 25 janvier du ministère des Affaires sociales et de la Santé a surpris beaucoup de monde. En intégrant les études de masso-kinésithérapie et d’orthophonie à la réforme LMD dans un objectif de « réingénierie des diplômes paramédicaux », le premier pas vers une reconnaissance universitaire de ces formations semblait fait. Mais la déception a très vite remplacé le soulagement. Les orthophonistes ont obtenu gain de cause en étant désormais considérés comme diplômés au grade master, alors que les kinés sont seulement reconnus au niveau licence. Du non sens selon les étudiants, et un recul dans l’évolution de la profession d’après les professeurs et les kinésithérapeutes.

« Le diplôme devrait au moins être reconnu au grade master 1, l’année préparatoire est presque systématiquement une année universitaire », affirme Serge Garbal, directeur de l’Institut de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) de Toulouse. Le syndicat de kinés Alizé est également monté au créneau en dénonçant une proposition qui risque de conduire les professions paramédicales à « dériver vers une médecine à plusieurs niveaux en fonction des classes sociales ». Selon ces professionnels, les kinésithérapeutes vont devenir des exécutants plus que de vrais collaborateurs de l’État, à l’opposé de ce qui se fait dans la plupart des autres pays.

Être tous gradés à la même enseigne

« On souhaite d’abord une intégration universitaire complète pour obtenir un diplôme d’État, et pas un simple conventionnement comme semble proposer le gouvernement », explique Guillaume Rall, vice président en charge de l’enseignement supérieur à la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK). Cela signifierait un accès total aux services universitaires, et surtout une avancée considérable pour la recherche dans le domaine de la kinésithérapie.

La FNEK réclame surtout l’ajout d’une année supplémentaire au cursus des kinés. « Dans leur nouvelle réforme, il y a une pseudo reconnaissance de l’année préparatoire. Ce n’est pas suffisant ! On demande avant tout la création d’une quatrième année d’étude, qui nous placerait au grade master, comme dans la plupart des autres diplômes paramédicaux ». Cette quatrième année de formation, les étudiants la suggèrent depuis l’établissement des nouveaux programmes qui devraient entrer en vigueur dans les années à venir. « L’État souhaite que notre diplôme soit professionnalisant, mais le nouveau programme est encore plus chargé. On va manquer de cours, manquer de stages… », s’alarme le vice président de la FNEK.

« Le rapport de force est obligatoire aujourd’hui »

En attendant, les élèves se mobilisent pour faire bouger les choses. Une première manifestation a eu lieu le 25 février, et les représentants étudiants ont rencontré les cabinets des deux ministères concernés (Affaires sociales et Santé, Enseignement supérieur) sans succès. Suite au mouvement de mercredi dernier, le gouvernement a annoncé qu’une nouvelle réforme serait examinée… mais que tout resterait bloqué jusqu’à 2014 !

Maigre consolation, l’État s’est engagé à harmoniser le système d’accès aux diplômes paramédicaux avant cette date. Guillaume Rall s’en réjouit : « C’est une première victoire ! Cela signifie la fin des prépas privées horriblement coûteuses, une égalité d’accès aux écoles, et une année de sélection qui permettrait déjà de commencer à former les élèves ».

Le combat ne fait que commencer, et la FNEK compte bien continuer son lobbying auprès des pouvoirs publics pour que la future réforme de 2014 prenne en compte toutes les attentes des étudiants. « Aujourd’hui, on est obligé d’entrer dans le rapport de force pour obtenir des choses. Ce qui est dommage, c’est qu’à cause de la crise actuelle, les autorités ont peur, elles voient seulement le coût à court terme, alors qu’à long terme, l’ajout d’une quatrième année et l’intégration universitaires des kinés serait vraiment rentable », souligne Guillaume. L’Etat restera t-il sourd à cet appel ? Affaire à suivre.