Matabiau, Arnaud Bernard, Pargaminière, des quartiers à l’atmosphère intimiste, une ambiance, jeune, festive, multiculturelle… Des rues et des places où tous les habitants se connaissent et partagent des petites habitudes, des épiceries, des boucheries, des cafés-tabacs… Un campagnard débarquant à Toulouse y verrait un village, la diversité en plus. Mais tout cela risque de changer dans les prochaines années : divers plans d’urbanisation vont s’y consacrer.

Le plus récent, l’opération Commerce avenir, a été annoncé en janvier. Il s’agit de diversifier les commerces dans les trois secteurs de Toulouse énoncés plus haut. La mairie prévoit d’acheter un certain nombre de fonds commerciaux afin de plus ou moins contrôler l’installation de nouvelles échoppes. Au conseil municipal, Arnaud Bernard a été évoqué. On déplore une certaine homogénéité dans le quartier, entre kebabs et épiceries orientales. Toutefois, la mairie nie donner la chasse aux boucheries halal. Subsiste un risque : la mort du commerce de proximité.
Rue Pargaminière, les travaux sont en cours et la vidéosurveillance en approche. Ici, la mairie veut éliminer l’insécurité. Une rue plus piétonne, plus verte, plus sûre : que des bonnes choses. Cependant, on a souvent entendu dire que les épiceries de nuit étaient un problème. Pourvoyeuses d’alcool après 22 heure, elles incitent de violentes bandes d’étudiants à commettre nombre de méfaits. Il semble que les mettre hors service réduirait la délinquance. A voir…
Enfin, le grand projet urbain à l’horizon 2020 devait être la construction d’un quartier d’affaire dans le secteur Bayard-Belfort, avec l’accueil de la Ligne Grande Vitesse (LGV). Le projet est semble-t-il tombé à l’eau, il est alors question « d’étendre le centre ville », en créant une zone résidentielle et commerciale toute neuve. C’est se mentir que de considérer les alentours de la gare Matabiau comme un quartier tranquille : violence, prostitution, crime organisé… Mais il existe aussi une forme de conscience collective, de solidarité qui disparaîtra avec ces transformations.
En filigrane, il faut lire une crainte du communautarisme et du repli de ces zones sur elles-mêmes. Est-ce vraiment pertinent ? Une extension du centre ville signifie irrémédiablement l’installation de cafés et restaurants « hypes », de parfumeries, de banques, d’instituts de beauté et d’agences de voyages. Des services qui attirent précisément certaines catégories de la population. Et si l’objectif inavoué était de
ramener en centre ville ces cadres trentenaires, issus des catégories socio professionnelles supérieures, qui ont choisi de s’installer dans la périphérie ? Vu les augmentations de loyers que ces projets d’urbanisme laissent présager, il est assez probable qu’ils soient les seuls à pouvoir se permettre de louer. Adieu, étudiants tapageurs et minorités trop visibles.

Ces plans ne sont pas forcément mauvais, leurs objectifs sont louables mais les bouleversements qu’ils entraîneront risquent de changer radicalement le visage de Toulouse.