Depuis 4 ans maintenant, un petit village de Midi-Pyrénées abrite encore et toujours un heureux envahisseur. C’est en effet à Nailloux, situé à 25 kms de Toulouse, qu’un sport un peu particulier a élu domicile. Et pour longtemps, semble-t-il, car les irréductibles Naillousains ont définitivement adopté Bree Maraux, américaine venue s’installer dans le Sud, avec l’idée de créer une école de double dutch. C’est chose faite en 2009, avec le JumpNrope Club. Au carrefour entre break dance et corde à sauter, cette pratique sportive tout droit sortie des séries US, devait faire ses preuves auprès des habitants. Depuis à Nailloux, ça déménage…

P1010208.jpg

La jeune coach reconnaît qu’elle a un peu choisie au hasard la commune de Nailloux: « J’ai pratiqué en haut niveau le double dutch aux Etats-Unis. Quand je me suis installée à Nailloux il y a quatre ans, j’avais envie de créer une association pour partager ma passion. La ville m’a soutenue dans ce projet en mettant une salle à ma disposition. ». Mais pour l’Hexagone, ce n’était pas vraiment une première. Le double dutch, né à Brooklyn dans les années 70, investit le pays de Voltaire dès les années 90. Pourtant, pendant un peu plus de quinze ans, il ne se pratique que dans les banlieues de la capitale.

A la conquête du Sud-Ouest

Comme le break dance, le double dutch fut longtemps considéré comme un sport de rue, un sport populaire. Il doit surtout ses lettres de noblesse à l’ancien ministre des Sports, David Douillet, qui en 2011, lors de l’International Double Dutch Competition à Paris, reconnaît cette pratique comme un sport officiel. « La France est d’ailleurs le seul pays où le double dutch est reconnu par une fédération » note avec fierté Bree Maraux. Mais surtout en investissant Nailloux, il quitte Paris et de ce fait se démocratise. Depuis, comme le note Bree Maraux, « il est pratiqué dans de plus en plus d’écoles parisiennes, où il est presque devenu ordinaire. En province, du travail reste à faire, mais les quelques clubs sont tous surpeuplés ».
_


_
_
Nailloux et Nantes sont en effet les deux seules villes de province qui font office de précurseur. Et on peut dire qu’à Nailloux le pari fut heureux. Maywenn, licenciée depuis 4 ans se rappelle: « c’est grâce au forum des associations de Nailloux, que j’ai rencontré notre coach, et que j’ai voulu essayer ». Depuis, la jeune recrue de 11 ans et demi ne s’est pas arrêtée. Même parcours pour Maya, que ses cousines ont persuadé d’essayer. Le seul club de Midi-Pyrénées connaît un véritable succès dans tout le Sud-Ouest. Les 60 licenciés que le club peut accepter ne sont d’ailleurs pas près de laisser leur place. Maya, qui a déménagé il y a peu, vient chaque week-end de Perpignan pour s’entraîner à Nailloux: « 2 heures de route, pour 10 heures d’entraînement, ça vaut le coup », confie la jeune fille.

Ces jeunes-là ont la santé
_
_
Mais Nailloux a aussi ses caractéristiques. Contrairement aux clubs parisiens, la majorité des élèves sont des filles, et très jeunes dans l’ensemble. L’entraîneuse explique d’ailleurs que « les élèves sont plutôt branchés sport acrobatique. Les garçons du club aiment les mouvements adaptés du hip-hop et du break, et les filles qui s’inscrivent ont souvent pratiqué la gymnastique quelques années plus tôt, mais elles veulent plus de peps. ». Parmi les figures certifiées, beaucoup sont en effet familières des gymnastes. « Le tic-tac », un poirier sur les mains, ou « la fente », un grand écart de quelques secondes, nécessitent un bon équilibre et surtout beaucoup de souplesse. Mais des mouvement comme « la pompe », un saut en s’appuyant essentiellement sur les mains, requiert plus de force. C’est donc bien « un sport mixte, où tous les profils sont recherchés, mais qui se pratique différemment selon les constitutions », que propose Bree Maraux. Et les prouesses sont en effet impressionnantes, car l’exercice consiste à réaliser ces différents mouvements entre deux cordes de 2m50, le plus rapidement possible. Mais pas seulement, puisque les deux « tourneurs » et les deux « sauteurs » doivent s’échanger leur rôle durant une prestation qui dure en général près de 15 minutes.
_
Ines_doubledutch-2.jpg
_
Maya, 16 ans, qui a commencé il y a tout juste un an reconnaît donc qu’elle était impressionnée par ce sport qui nécessite une grande maîtrise de la technique, mais qu’elle a très rapidement progressé grâce à une équipe soudée: « J’ai l’impression qu’on est une grande famille. On prend soin les uns des autres, et on vit plein d’aventures ensemble au gré des compétitions. » Pour les plus jeunes, autorisés à commencer dès l’âge de 6 ans, cette grande fratrie est aussi l’occasion de développer plusieurs qualités revendiquées par la coach: « la solidarité, l’exigence mais avant tout le divertissement ».