Méconnu du grand public, Mohamed Mimoune est sorti de l’ombre en remportant un titre de champion du monde, le 20 janvier dernier. À 30 ans, le Toulousain originaire du quartier de Bagatelle, savoure ce succès de prestige. Lumière sur un boxeur qui doit beaucoup à son sport.
Il est bien moins connu des Toulousains que Sofiane Oumiha, médaillé de bronze des jeux olympiques de Rio en 2016. Pourtant, la carrière de Mohamed Mimoune vaut le détour. « J’ai gagné le respect du monde de la boxe, c’est la plus belle des reconnaissances », tient-il à relativiser avant de préciser : « Sofiane Oumiha est mon frère de coeur. On a grandi ensemble dans le même quartier. Son oncle, Mehdi, m’entraîne. Il n’y a aucune rivalité entre nous. Au contraire, on se tire vers le haut ».
🏆🥊 Grand bravo à @MimouneMohamed1, nouveau champion du monde de #boxe ! Après ses titres français et européen, le Toulousain décroche la ceinture mondiale au terme d’un combat courageux #fierté #réussite #Toulouse https://t.co/mURXDI268n
— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) 21 janvier 2018
Une émulation qui a porté ses fruits. Boxeur professionnel depuis trois ans, Mohamed Mimoune possède déjà un sacré palmarès. Champion d’Europe dans la catégorie des welters (poids mi-moyen), il fait le pari d’abandonner sa couronne et de descendre d’une catégorie de poids (poids super-légers) afin d’avoir une chance mondiale. Le risque s’avère payant. Le 20 janvier dernier, il devient champion du monde IBO en battant l’Argentin Emiliano Dominguez (invaincu avant la rencontre) aux points après douze reprises. « C’était le combat de ma vie. J’étais obligé de l’emporter. Je voulais cette victoire plus que tout », explique l’ancien chauffeur-livreur. Le bilan de Mohamed Mimoune est impressionnant, vingt victoires en vingt-deux combats. La clef de la réussite ? « Une passion intense et une rage de vaincre inébranlable ».
La boxe comme école de la vie
Si le boxeur aime autant son sport, c’est parce que le Noble Art été sa bouée de sauvetage . « J’étais un enfant turbulent, nerveux, fougueux, qui faisait souvent la bagarre. Alors mon père m’a mis à la boxe. Mettre des coups pour la bonne cause m’a plu. Je me suis beaucoup calmé. J’aurais pu mal tourner. La boxe m’a sauvé du pire », affirme-t-il en regardant les yeux au ciel avant de poursuivre sa déclaration d’amour : « On apprend toujours sur soi, c’est une perpétuelle remise en question, une vraie école de la vie».
Sa philosophie se retrouve naturellement dans sa boxe. Surnommé « The Problem » pour les multiples problèmes posés à ses adversaires par la diversité de sa palette technique, Mohamed Mimoune est un boxeur atypique. Gaucher, agile, rapide, lucide et intelligent, il combat plus avec son cerveau qu’avec ses poings. « Il faut toucher sans se faire toucher, être élégant comme Muhammad Ali, le seul qui dansait sur le ring. Mon but est d’être encore beau gosse en fin de carrière », plaisante l’Afro-Sénégalais à la barbe parfaitement taillée.
Au sommet de sa carrière, Mohamed Mimoune rêve désormais d’Etats-Unis, le pays de son idole, Floyd Mayweather. « L’objectif est de défendre ma ceinture là-bas, je veux toujours viser plus haut ». Avant ça, le champion va prendre un repos bien mérité. Enfin, seulement un repos sportif. « En dehors de la boxe, j’ai ouvert un restaurant à Toulouse (le Point Carré, avenue Jules Julien). La boxe ne dure pas éternellement. Il faut que j’assure mes arrières, c’est du bon sens », déclare-t-il avant de délivrer un dernier message, qui lui tient particulièrement à coeur : « On peut s’en sortir quand on vient d’un quartier difficile. Il faut simplement se raccrocher et croire à quelque chose. Le sport, le hip-hop ou l’école bien-sûr, peu importe… ».