Une arrivée régulière

Muni d’un passeport d’étude, Daim Sidibé arrive en France le 10 octobre 2001 dans le but d’entreprendre des études en sociologie. Il s’inscrit donc à l’Université du Mirail et se plie aux formalités nécessaires à tout étudiant étranger désireux d’étudier en France. La préfecture lui délivre un titre de séjour et durant trois ans il n’éprouvera aucune difficulté pour renouveller sa carte de résident.

« Un engagement syndical fatal ? »

A la rentrée 2005, l’étudiant malien se rend à nouveau à la préfecture pour se plier à ses obligations, il est reçu par l’agent administratif en charge de son dossier.
Mais cette fois là, il s’étonne d’une question que lui pose ce fonctionnaire : « Vous êtes syndiqués ? », la réponse de l’étudiant ne se fait pas attendre : « et alors ? ».
« Suite à cette question j’ai tout de suite compris que les choses allaient se gâter pour moi » nous déclarera-t-il. A cette époque Daim Sidibé est membre actif du syndicat « Sud étudiant », c’est selon lui cet engagement qu’il payera plus tard. « Je m’attendais alors à ne plus avoir de titre de séjour ».
La carte de séjour, qu’il finit tout de même par obtenir cette année là, est la dernière que lui délivre la préfecture. L’année d’après, son avenir en France s’obscurci. Les services préfectoraux ne lui accordent dabord qu’un récépissé d’un mois, puis refusent de lui octroyer l’autorisation de résider sur le territoire français. Motif évoqué : « manque de serieux dans le suivi de son cursus », argument dénoncé par l’avocat de l’étudiant, expliquant que Daim Sidibé était malade et qu’il devait travailler pour financer ses études.

Des recours sans suite, un soutien réel

Désormais en situation irrégulière Daim Sidibé entame des recours auprès du préfet et du ministre de l’intérieur qui ne donneront rien « ils ne m’ont pas répondu ».
Le mercredi 15 novembre sur le trajet qui le conduit de son domicile à la fac, il est contrôlé et fait l’objet d’une procédure de reconduite à la frontière.
De nombreux étudiants, soutenus par plusieurs organisations de défense des « sans papiers », se mobilisent pour empêcher l’expulsion de leur camarade. Rien n’y fera. Le recours intenté devant le tribunal par l’étudiant malien reste sans suite, le juge confirme l’arrêté d’expulsion. Le jour même, Daim Sidibé est acheminé à Paris en vue d’une reconduite à la frontière. Cette situation laisse un étudiant amer : « c’est de l’injustice, je suis rentré dans la légalité », et inquiet face à son avenir : « il n’y a pas de professeur spécialisé en socio en Afrique »

Une rétention qui dure

Aujourd’hui, l’étudiant du Mirail est encore au centre de rétention du Mesnil. Non loin de Paris, il vit dans des conditions qu’il déplore : « on est pas bien traités ici ». Plusieurs organismes d’aides aux sans papiers dont Resf (réseau d’éducation sans frontière) continuent leur appel à la mobilisation.
Désormais, son expulsion ne tiens qu’à l’autorisation de l’ambassade du Mali.
Chaque année près de quatre cents maliens en situation irrégulière sont reconduis à la frontière.