Une trentaine de minutes pour convaincre, la tâche n’est pas aisée. Et si Laurent Fabius a brillé par ses talents d’orateur, Dominique Strauss-Kahn par son sérieux, c’est bien Ségolène Royal qui semble avoir enregistré des records à l’applaudimètre.

Quand Ségolène joue la carte du féminisme…

Comme il était prévisible, la candidate à l’investiture a fait de sa qualité de femme un puissant argument. Dédiant son combat à « toutes les femmes voilées, excisées, humiliées, bafouées ou violées », elle a suscité les acclamations de l’auditoire féminin de la salle. Prévisible certes…mais efficace. La candidate a également profité de son temps de parole pour prévenir des dangers de la mondialisation, invitant les socialistes à « construire les digues du nouveau monde ». Une thématique reprise massivement par les autres candidats. Si Fabius a tenu à souligner que la mondialisation ne devait pas se faire au « détriment des travailleurs européens », DSK, quand à lui, a mis en garde contre le risque de la transformation d’une « économie de marché en société de marché ».

Au-delà des querelles pour l’investiture, un projet commun

Des interventions qui, si elles diffèrent sur la forme, s’appuyaient sur un même fond. Les trois candidats se sont en effet accordés à dénoncer un service public défaillant, à défendre férocement la laïcité, à réformer les institutions de l’Etat et à relancer le projet européen. Une France et une Europe sociales, capables d’allier compétitivité et solidarité, ont été défendues par chacun des présidentiables. Un programme somme toute socialiste… Et c’est bien ce que le Premier Secrétairedu parti, François Hollande, a tenu à rappeler pour clôturer le débat. S’il a invité les 220 000 militants à venir voter massivement le 16 novembre prochain pour désigner leur candidat, il a également souligné que seule une Gauche solidaire et mobilisée pourrait faire barrage à une Droite de plus en plus extrême. Se félicitant de l’accord passé avec le Parti Radical de Gauche, il a sollicité ouvertement le soutien du Parti Communiste, des Verts, et même de la gauche dite « anti-libérale ». « Nous ne sommes pas là pour une revanche sur 2002 », a t-il indiqué, « Je fais appel à l’unité, pour qu’il n’y ait qu’un vainqueur : le Parti Socialiste et l’idéal qu’il sert ».

Un flambant plaidoyer pour l’environnement

Car c’est avant tout sur la question de la sauvegarde de la planète que les trois leaders socialistes se sont montrés unis et cohérents. Une préoccupation des plus graves à laquelle ils doivent dès aujourd’hui apporter des réponses concrètes. L’environnement et le développement durable : un objectif auquel tous les ministères doivent, selon Dominique Strauss-Kahn, travailler de concert. « L’excellence environnementale », Ségolène Royal en a fait le « Serment de Toulouse ». Quand à Laurent Fabius, il a tenu à rendre hommage aux verts et écolos, qui les premiers, ont tiré la sonnette d’alarme. Une prise de position unanime qui n’est sans doute pas étrangère aux récents propos tenus par Nicolas Hulot. Forcé de constater l’immobilisme de l’Etat en matière d’environnement et de réchauffement climatique, le créateur « d’Ushuaïa » a en effet présenté mardi 7 novembre un « pacte écologique » à l’attention des candidats à l’Elysée, en cinq propositions. Des principes que les présidentiables devront s’engager à tenir. Dans le cas contraire, Nicolas Hulot pourrait bien lui-même porter son projet devant les électeurs Français, en proposant sa candidature à la Présidentielle. Une variable que les socialistes ne peuvent se permettre de négliger, dans leur calcul des suffrages.

Un débat passionné, des militants impliqués…de quoi faire de cette ultime prestation avant le vote fatidique, une belle réussite. Que les militants se rassurent, ils retrouveront celui ou celle qu’ils auront choisit en avril prochain à Toulouse, pour le meeting qui clôturera la campagne socialiste à la Présidentielle. C’est en tout cas ce qu’a annoncé François Hollande, provoquant bien entendu, une avalanche d’applaudissements.

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