Ballons de baudruche rouges, estrade décorée et écran géant, le Parti Socialiste a le sens de la mise en scène. Il faut dire que l’événement était de taille. Cette soirée au Centre des congrès de Labège faisait figure de dernier test pour les trois candidats, devant plus de 4000 adhérents socialistes. Des militants venus par bus de toute la région pour soutenir leur favori ou peser les arguments des prétendants. « J’écoute, je déciderai ensuite » précise ainsi Murielle, militante de l’Aveyron.

La tension monte

arrivee.jpgA l’intérieur de la salle, l’ambiance s’électrise au fil des minutes et des arrivées successives des ténors du parti. A une demi heure du début des hostilités, les journalistes tapotent déjà frénétiquement sur leurs claviers alors que dans les travées, les places se font chères. Les militants retardataires seront ainsi condamnés à rester debout, voire à se rabattre sur un grand chapiteau extérieur. A 20h30 les candidats font leur entrée provoquant une bousculade virile chez les photographes. L’ambiance est alors à mi-chemin entre un combat de boxe et une arène romaine. Sur fond d’une techno-funk assourdissante, la salle se réveille et les oppositions ressurgissent. Dans les premiers rangs, une troupe de fabusiens hystériques sautille au rythme de « Fabius Président ». Une euphorie ambiante que le rappel des règles du débat fera vite retomber. Timing chronométré, absence d’affrontements directs entre les candidats et consignes de courtoisie aux militants, le parti soigne son image.

Dernière passe d’armes

public.jpgPremier à monter au perchoir, Dominique Strauss-Kahn se heurte à la froideur de l’assistance. L’ancien ministre de l’Economie énonce pendant ses 15 minutes réglementaires « sa vision de la gauche » et ses « valeurs socialistes ». Son évocation de François Mitterrand suscitera bien quelques approbations feutrées mais l’enthousiasme reste timide. Une manifestation sonore de pompiers locaux dans les couloirs du Centre des Congrès perturbe en outre la fin de sa prestation.

Laurent Fabius, deuxième prétendant à la tribune joue lui en terrain plus favorable, à défaut d’être conquis. Orateur bouillonnant, le député de Seine-Maritime fait naître une vague de bravo et d’applaudissements sur les questions de la laïcité ou de l’éducation nationale. Le gros outsider sort revigoré de son allocution.

Dernière à s’élancer, Ségolène Royal rejoint la tribune devant une salle gonflée à bloc. La favorite des sondages rappelle son engagement féministe et son intérêt pour les questions environnementales. La salle exulte même si l’oratrice semble moins à l’aise que ses challengers. La prétendante brave néanmoins la limitation de son temps de parole et en appelle à son tour à François Mitterrand. Fin des hostilités.

En attendant la décision finale

fabius.jpgA l’aise dans son costume de premier secrétaire au dessus de la mêlée, François Hollande clôt l’exercice « démocratique ». Quelques roses fatiguées sortent de l’arrière scène et sont distribuées pour la photo finale des concurrents. Après avoir été privées de débat, les cameras font leur retour pour cette image d’unité apparente. A la sortie de la salle, les discussions vont bon train. « Tu crois qu’on peut se fier à l’applaudimètre ? », « Peut être que Fabius va créer la surprise »… Les lumières du Centre des Congrès s’éteignent en attendant le verdict des urnes. Fin du suspense le 16 novembre prochain avec le premier tour du scrutin interne.