Jean-Michel Minovez, président de l’Université Toulouse II – Le Mirail, a proposé dans un courrier, le 24 février, de renommer l’établissement. Mais la coïncidence entre le centenaire de la mort de Jean Jaurès et la rénovation du campus était loin de constituer, aux yeux des étudiants, un argument suffisant. Son projet a suscité chez eux une vague de contestations, avant d’être finalement accepté par le conseil d’administration de l’Université.
L’Université Toulouse II – Le Mirail
Une pétition infructueuse
Mathilde C., en lançant une pétition sur change.org, avait été la première à s’offusquer. Elle appelait à signer tous ceux qui, comme elle, étaient fiers de leur université et de sa localisation, et déterminés à faire de son nom un symbole. « Les étudiants du Mirail sont fiers d’appartenir à cette université, fiers de ce qu’elle est, de ses valeurs et du message qu’elle fait passer. Ils prennent à cœur de la défendre contre les préjugés qui peuvent naître dans les regards extérieurs. Changer de nom reviendrait à considérer ces efforts comme étant vains.»
La jeune fille entendait faire passer un message de tolérance et de respect que plus de 800 personnes ont à ce jour entendu. Parmi elles, Juliette B. a signé au titre du « semblant de mixité sociale qu’il reste dans cette ville », et Nina P. parce qu’« être au cœur d’un quartier populaire est une fierté, non une honte ». D’autant plus que le nom du Mirail est porteur « des valeurs de luttes démocratiques depuis des décennies », ajoute Florence B. Le score était toutefois resté assez faible pour une université fréquentée par plus de 23 000 étudiants.
La décision malgré tout adoptée
La direction s’était défendue en affirmant la nécessité pour l’établissement de porter un nom « rassembleur ». Elle évoquait un problème d’identification : l’Université du Mirail, qui regroupe quatre campus dans le monde, devait à son sens porter un autre nom. Ce mardi 25 mars, le conseil d’administration de l’Université a de nouveau abordé le sujet. L’expectative aurait pu être pour tous l’occasion de méditer les propos de Jean Jaurès : « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots ». Mais le verdict est tombé, et le changement de nom de l’université a été adopté à 17 voix contre 1. Le processus est maintenant engagé : une défaite pour les étudiants qui s’étaient mobilisés, même si le campus toulousain conservera le nom générique du Mirail.