Rendez-vous au Clandé. Le ton est donné. Il s’agit d’un squat toulousain occupé depuis 1996. Ses occupants le définissent comme « un lieu d’expérimentation sociale, politique, et artistique ». Le rapport avec Indymédia ? Une sensibilité à gauche, à l’extrême gauche, proche des mouvements « autonomes, libertaires, anarchistes et squatteurs ».
Indymédia Toulouse est né il y a trois ans et demi, à la suite du sommet du G8 à Evian, en 2002.  » Il s’agit d’un média autogéré. Nous n’avons pas de ligne politique, répètent les membres. Le portail Internet est un outil destiné à la diffusion d’informations, d’idées, de débats, et de culture. »

Un média militant

Un espace de parole libre pour les militants ? Un des modérateurs du site précise qu’il est « en désaccord avec trois-quart des articles validés ». Pourtant, à y regarder de plus près, toutes les opinions ne semblent pas au goût du collectif. « En tant que modérateur, nous décidons de ce qui sera publié ou non sur le site. Sont exclus les propos discriminatoires et le prosélytisme. Et pour nous, l’idéologie capitaliste rentre dans cette catégorie. » Par ailleurs, Indymédia évince « les débats professionnalisés comme celui sur la Constitution européenne ou la guerre au Liban. On ne souhaite pas être l’objet de spammeurs qui diffusent les mêmes messages sur tous les forums ».

Un rejet de la presse professionnelle

Indymédia milite contre la presse traditionnelle. Entres autres, le statut du journaliste. « Cette profession se définit par sa dimension financière. » En effet, peuvent prétendre à la carte de presse toutes les personnes dont les revenus provenant du journalisme dépassent 50 % de l’ensemble de leurs revenus et dont les autres activités ne sont pas incompatibles avec la profession de journaliste. Or « cela nuit à la fonction qui incombe au passeur d’information ». Le collectif toulousain souhaite « encourager l’esprit critique, et favoriser l’expression des sans voix. Qui mieux qu’un gréviste peut exprimer ses revendications. »

Radio, et presse écrite en sus

Indymédia est un réseau international dont les activités médiatiques se sont diversifiées. « Aux Etats-Unis, il existe des salariés Indymédia, qui reçoivent des subventions parfois à la limite du projet initial. » A Toulouse, hormis le site Web, Indymédia c’est aussi une émission radio tous les mardis à 19 h sur Canal Sud, et parfois « des éditions papier ». L’an passé, deux ont été éditées : 26 pages sur le mouvement anti CPE, et l’autre sur les émeutes des banlieues à l’automne dernier.
Un succès grandissant pour le média alternatif. « 2 500 connexions par jour en ce moment, contre 300 en décembre dernier. La crise médiatique nous sert. A chaque mouvement social profond, la population cherche de nouveaux moyens de s’informer. » Quant aux médias traditionnels, « on sait que les journalistes de La Dépêche consultent notre site, et prennent de l’info. Mais sans jamais nous citer. Ils ne nous aiment pas, mais nous utilisent pourtant. »